«J’ai un ordinateur portable. Je l’utilise pour graver les CD que j’expose le soir dans ma petite cabane. C’est du piratage, mais c’est la seule façon pour moi de
ne pas être au chômage», explique Peter, propriétaire d’un point de vente de DVD et de CD piratés. 500Fcfa le CD, c’est le prix fixé pour les CD et DVD, qu’on trouve désormais partout en ville. La plupart des vendeurs sont de jeunes chômeurs et parfois des étudiants qui
achètent des CD vierges au marché. À partir d’un album original, ils produisent une première copie
qui est ensuite multipliée. Lorsqu’ils ne parviennent pas à se procurer un album en vogue, ils en achètent un duplicata qu’ils gravent à leur tour. Cette forme de débrouillardise est pourtant contraire à la loi et nuit aux artistes locaux. Les originaux trop chers «À Lomé, on ne trouve rarement d’albums originaux. Je suis donc obligé d’acheter des CD piratés. Et si je trouvais une œuvre originale, je ne l’achèterais pas parce qu’elle coûterait trop cher», explique Juste, un étudiant. L’une des raisons du piratage à Lomé est que très peu de magasins disposent
d’albums originaux. Ceux des artistes internationaux sont vendus àdes prix trop élevés et ceux des
artistes locaux sont contrôlés. En effet, pour être autorisés à la vente, ces albums doivent avoir été enregistrés dans un studio agréé par le ministère de la Culture ce qui coûte une fortune en licences et taxes. Actuellement, seuls ceux qui ont les moyens ou voyagent dans
des pays étrangers, peuvent se targuer de posséder des CD originaux. «Le piratage est un problème presque mondial mais à Lomé, c’est avant tout un problème de mentalité. Les gens préfèrent les œuvres piratées parce qu’elles coûtent moins cher », ajoute Juste. Les auteurs lésés
Certains artistes ont saisi le Butodra et la division de la Culture
pour qu’ils prennent des mesures mais sans succès. «On est vraiment déçu. Imaginez que vous
sortiez du studio d’enregistrement et quelques jours après, votre album a déjà été reproduit en de
multiples exemplaires sans votre avis. Il faut qu’on ferme toutes ces maisonnettes. Je considère cela comme un crime», s’écrit Méfliz,un jeune artiste.
Pour les artistes locaux, le piratage se fait effectivement parfois dès le studio. Lorsqu’un artiste enregistre son album, une copie de celui-ci est conservée et ensuite revendue frauduleusement à des pirates. Et lui ne gagne strictement rien. Il y a de quoi décourager les musiciens.
Source:Etonam Sossou