Concours de beauté : Nanagan pour célébrer la femme ronde africaine

Nanagan, grande dame accomplie en langue locale togolaise, vise à casser les codes anciens de concours de beauté réservés uniquement aux formes slims.
Kayissan Dominique Atayi, la promotrice du concours « Nanagan »

La Togolaise Kayissan Dominique Atayi (KDA) est préoccupée par les préjugés dont font l’objet les femmes africaines aux formes généreuses. Elle lance en 2019, pour corriger des stéréotypes collés à ces femmes, le premier concours sous-régional d’élégance et de valorisation de la femme africaine. Baptisé « Nanagan », en référence à l’histoire des Nana Benz, c’est-à-dire des femmes d’affaires originaires du Togo ayant réussi dans le commerce de pagne en Wax hollandais. L’idée, est non seulement de promouvoir la femme belle, chic, sexy et ronde mais aussi de les aider à assumer leur morphologie.

Première édition

Malgré les difficultés économiques, la finale de la première édition de la « Miss ronde » s’est déroulée au Palais des Congrès de Lomé en 2019. La Béninoise Docteur Nadiatoulaye Mama l’a remportée parmi la dizaine de candidates. « Je peux juste dire que j’ai beaucoup d’émotion et je ne pourrais pas dire plus que ça compte tenu de ce que je ressens », a-t-elle déclaré à l’issue de son sacre. La lauréate est repartie avec un billet d’avion Lomé-Abidjan-Lomé, une douzaine de tenues confectionnée par la styliste togolaise Nadiaka, entre autres.

Actes II

L’acte II de la compétition de beauté est placée sous le thème « Rôle de la femme dans la riposte à la Covid-19 ». Kayissan Dominque Atayi a saisi de nouveau l’occasion pour lancer un appel contre les stigmatisations liées à la forme ronde. « Les femmes rondes sont ce qu’elles sont. Nous les acceptons telles qu’elles sont et nous essayons de leur fournir beaucoup de matière en termes de connaissance. C’est ce que nous essayons de faire à travers ce concours », indique-t-elle.

Toutefois, rappelle la promotrice de Nanagan, « Ce concours n’est pas une invitation à l’obésité. Nous disons tout simplement qu’il est bon de mettre en valeur ces femmes rondes, qui ont de l’embonpoint, pour montrer qu’en dehors de cet attrait physique, ce qu’on voit à l’extérieur, à l’intérieur de ces femmes, il y a beaucoup de potentiels », insiste Kayissan Dominique Atayi. « C’est vrai qu’elles sont, souvent, taxées de grosses, de paresseuses, de lourdes. Elles ne sont pas dynamiques. On les indexe de manière négative. Ce concours veut mettre en avant ce côté positif qu’il y a dans la femme ronde », fait savoir également KDA.

La deuxième édition du premier concours sous-régional d’élégance et de valorisation de la femme africaine Nanagan aura lieu au mois d’octobre prochain. Compte tenu du contexte sanitaire, la date sera précisée au moment opportun, assure la promotrice de l’évènement. Sont en lice cinq togolaises (Geneviève Amivi Adolehoumé, Alexandrine Amélé Aklamanou, Jennifer Têlé Ako, Sylvia Kossiwa Kossi et Divine Sika Lemou) et autant de Béninoises (Stella Dédé AMédji, Raïssa Gbèdandé Amoussou, Perpétue Sedani Bokononhoui, Sandrine Ablavi Kpongon et Bernadette Hakja Mfon).

La deuxième édition n’a pu se tenir l’année passée à cause de la situation sanitaire actuelle. « Malheureusement avec la pandémie de Covid-19, nous n’avons pas pu voir se dérouler la deuxième édition en 2020. En 2021, nous préparons la deuxième édition », précise Kayissan Dominique Atayi. « Je ressens beaucoup de joie qui ne me permet pas de parler parce que c’était une aventure qu’on a commencé depuis le mois de février 2019 et jusqu’à aujourd’hui ».

Pour elle, il est nécessaire de poursuivre ce concours afin de valoriser la femme africaine dans toutes ses formes ainsi que ses potentialités. « Nous pensons que les critères de beauté sont différents d’un endroit à un autre, d’une culture à une autre, d’une perspective à une autre, raison pour laquelle nous pouvons parler plus d’élégance et de valorisation de la femme africaine », laisse-t-elle entendre.

Soutien de l’UNFPA

Nanagan a reçu le soutien du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). L’agence de l’Organisation des Nations Unies (ONU) accepte le parrainer parce que « Nanagan s’inscrit dans sa vision », celle « de ne laisser personne pour compte », déclare Mme Josiane Yaguibou, la Représentante-résidente de l’institution onusienne à Lomé.  « Ça fait partie de nos objectifs de développement durable. L’ensemble des Nations unies travaillent dans ce sens et c’est important pour l’UNFPA de participer à ce concours pour non seulement soutenir une partie de la population qui est généralement exclue mais aussi attirer l’attention sur les besoins en santé de reproduction des femmes rondes », souligne-t-elle.

Envergure sous-régionale

Faute de budget conséquent, seules les Togolaises et les Béninoises participent au concours de beauté magnifiant l’élégance et valorisant la dignité de la femme ronde pour le moment.  Le choix de ces deux pays est stratégique, réponde KDA. « Ce concours est un espace de rencontre et de partage pour les candidates du Togo et du Benin. Il met donc à la disposition de celles-ci, une palette d’enrichissement de qualité, sociale, culturelle et comportementale. Cette acquisition de connaissances leur sera utile dans leur vie socio-professionnelle et aussi, elles auront la possibilité de relayer ce qu’elles auront appris au cours de leur formation », rappelle-t-elle.

En effet, explique la promotrice de l’évènement, le Bénin est le pays le plus proche du Togo, partageant la même langue (le Français). « Le Burkina Faso est beaucoup plus loin pour des raisons financières.  Nous ambitionnons d’aller beaucoup plus vers d’autres de la sous-région au fur et à mesure, en fonction des moyens dont dispose l’organisation », rassure-t-elle. « Pour la troisième édition, nous ajouterons un autre pays ainsi de suite jusqu’à couvrir l’espace sous-régional », promet l’organisatrice.

Nanagan permet aux candidates d’apprendre la chorégraphie et l’art de la scène, suivre des formations en coaching et en développement personnel de sorte qu’elles aient confiance en elles et parviennent à communiquer facilement avec les autres en public.

Pour y participer, les candidates doivent être de nationalité togolaise ou béninoise ou naturalisées et vivant au Togo ou au Bénin, être nées de sexe féminin, avoir entre 21 et 30 ans au plus, mesurer minimum 155cm (1,55m) sans talons (pieds nus), avoir au minimum un tour de hanche de 120cm, entre autres.

Sont également prises en compte : la politesse, l’esprit de camaraderie, une silhouette élégante, une démarche gracieuse, des cheveux et ongles entretenus, une tenue vestimentaire soignée, etc.

Kossivi AMETOWOGBLONA