La révolutionnaire au chapeau africain, le Président français, et la marmite de Koka-Mballa

Tout a commencé, il y a une dizaine de jours, au sommet Afrique-France de Montpellier, avec une affaire de marmite.

Une jeune Africaine du Burkina Faso interpelle le Président français sur la relation entre la France et l’Afrique qu’elle présente comme une marmite sale dans laquelle ni elle ni les Africains ne sont plus prêts à manger (je me demande si elle a demandé l’avis de tous les Africains avant de décider de les affamer aussi brusquement).

La digne fille de Thomas Sankara qui, pour marquer son africanité, a pris le soin, pour la circonstance, de natter ses cheveux, de porter une robe africaine assortie d’un long chapeau africain, a donc décidé qu’aucun Africain n’avait plus le droit de manger dans la marmite françafricaine et a exigé à la France de respecter l’Afrique. Aussi facilement.

En quelques minutes, le discours, porté par la voix envoûtante de la femme intègre au chapeau africain a enflammé les réseaux sociaux, réveillant les masses révolutionnaires africaines durant ce mois d’octobre, celui, triste, de l’assassinat de Thomas Sankara. N’est-ce pas des jeunes de ce genre dont ce continent a besoin pour, enfin, se libérer ?

Mais, hélas, les plats préparés dans les marmites sales ont cette fâcheuse habitude d’être remplis de bactéries qui finissent par provoquer des malaises digestifs qu’on ne peut cacher.

Quelques jours seulement après le discours révolutionnaire, on se rend compte que la révolutionnaire a été victime de la marmite sale. Elle s’est goinfrée jusqu’à l’indécence dans la marmite de malheur.

Le discours révolutionnaire a été préparé en complicité avec Emmanuel Macron, le maître-cuisinier qui nourrit l’Afrique de repas sales. Ce dernier s’est chargé, lui-même, d’acheter les condiments du plat. Et, malicieux, il a choisi des morceaux d’oignon, de poivre et de viande tellement avariés que la révolutionnaire est obligée de dégurgiter le plat seulement quelques jours après le festin.

On regarde notre sœur révolutionnaire et on a envie de la serrer fort pour la réconforter. Elle a bien trouvé l’image de la marmite pour matérialiser la relation entre la France et l’Afrique. Mais cette marmite n’est pas simplement sale. Elle est maléfique. Contenant des mauvais esprits comme la marmite de Koka-Mbala de la pièce de théâtre éponyme de l’écrivain congolais Guy Menga.

Cette marmite inventée par le féticheur Bobolo qui condamnait injustement les jeunes à mort pour des peccadilles, comme la marmite françafricaine condamne aujourd’hui des millions de jeunes Africains à la mort, à l’humiliation et à la souffrance.

Dans la pièce de théâtre de Guy Menga, les jeunes, pour se libérer, se sont organisés pour briser la marmite de Koka-Mballa. Aux jeunes africains de réussir à en faire de même de la marmite françafricaine. S’ils en ont vraiment envie. Sinon ils peuvent arrêter de jouer les faux révolutionnaires, et continuer à se goinfrer dans la marmite tout en acceptant en retour ses humiliations.

David Kpelly