Togo-Le président de la Cour suprême aux trousses des juges véreux

Le président de la Cour suprême du Togo déplore que certains juges aient transformé leurs lieux d’habitation en tribunaux ou en églises dans lesquels ils convergent les justiciables et leur soutirent de l’argent pour  des pseudo-services rendus.
Abdoulaye Yaya

C’est dans une note de service rendue publique qu’Abdoulaye Bawa Yaya confirme ce que certains médias de la place dénoncent depuis quelques mois déjà: à savoir que des juges ont créé (sic) des tribunaux chez eux à la maison.

En effet, souligne-t-il, « Il nous est parvenu des informations vérifiées, avec preuves contenues dans des dossiers en notre possession, que certains magistrats ont ouvert des officines en leur domicile, tenant lieu d’appendices ou de tribunaux annexes », ajoutant que « D’autres magistrats ont ouvert des églises privées » qu’ils utilisent pour soutirer « des espèces sonnantes et trébuchantes » à certains de leurs compatriotes.

Et celui qui est également le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de menacer: « Ces deux (02) pratiques hérétiques aux yeux de la loi et de la foi doivent immédiatement cesser, Faute de quoi, leurs auteurs répondront de leurs actes avec toute la vigueur des règles disciplinaires ».

C’est le lieu de rappeler que tous les juges ne sont pas corrompus, véreux, incompétents. Bien que la magistrature soit considérée comme le grand corps malade de la justice togolaise, il existe des juges qui ne cèdent pas aux pressions politiques, aux tentations et qui font leur travail en âme et conscience. C’est vrai qu’ils sont peu nombreux. Ce sont ces derniers qui, malheureusement, sont peu promus.

Abdoulaye Bawa Yaya a, entre temps, fait une sortie à travers laquelle il a pointé du doigt les maux qui minent la justice togolaise. Il n’est pas allé  avec le dos de la cuillère. Morceaux choisis:

« Il est regrettable et consternant de constater la facilité et l’insouciance avec lesquelles certains magistrats et auxiliaires de justice se livrent dans la gestion des dossiers dont ils ont la charge, créant ainsi une insécurité judiciaire. Le problème prend de plus en plus d’ampleur, surtout dans la gestion des affaires foncières. Il n’y a pas de jours où ne défraient des scandales des affaires foncières impliquant des magistrats, avocats, huissiers, officiers de police judiciaire, des officiers supérieurs, voire des autorités civiles, lesquels n’hésitent pas à s’approprier des terrains au détriment des pauvres justiciables ».

« Ils n’hésitent pas à inciter les mauvais perdants à initier des procédures de tierce-opposition contre des décisions définitives pour reprendre la procédure. Certains magistrats n’hésitent même pas à ordonner des transports des jours non ouvrables et à trancher des affaires en cabinet. (…) L’autre paire de manche est le problème récurrent des démarcheurs et des « gros bras » à la solde de certains acteurs de la justice ».

« Il y a des gens ici dans notre pays, je ne sais pas si à leur mort, ils vont se démembrer pour être enterrés dans deux tombeaux, tellement ils accaparent (…) Les gens prennent le malin plaisir maintenant d’angoisser, de stresser des habitants des maisons construites il y a 35 ans, 25 ans.  Il y a des études de notaires, leurs cabinets aujourd’hui ressemblent tout simplement à des officines où on conçoit des arnaques ».

Pour beaucoup d’observateurs avisés, le président de la Cour suprême ne doit pas s’arrêter à l’étape des dénonciations verables d’autant plus que les juges véreux seraient facilement identifiables.