Parti pour se faire former en cuisine et en pâtisserie, le jeune togolais a trouvé dans le septième art son biotope. Et ça lui réussit. Récit d’un jeune talent qui éclore au Burkina Faso.
C’est en 2015 que l’aventure au pays des hommes intègres commence pour lui. De la cuisine aux petits boulots, il a fini par trouver son port d’attache. « Je ne me retrouvais pas dans le métier de cuisine. J’ai dû laisser la formation pour trouver un travail qui pourrait m’aider à nourrir ma petite famille », explique le futur cinéaste. Ce qui le conduit à dans un premier temps à décrocher un job de réceptionniste dans une structure hôtelière.
Un an (01) plus tard, c’est-à-dire en 2016, le déclic. « En 2016, j’ai vu sur les réseaux sociaux une annonce de formation gratuite au métier de cinéma lancée par l’association Koudougou Doc (Ndrl, Koudougou documentaire. Koudougou est une ville du Burkina Faso. C’est en même temps le nom de l’association qui organise le festival purement documentaire qui rassemble les cinéastes africains et de l’extérieur).
« Nous étions huit à être formés en 2016. L’association a gardé l’année suivant les quatre meilleurs dont je faisais partie »
J’ai sauté sur l’occasion en remplissant les formalités », raconte-t-il. « J’avais peur d’être recalé », ajoute le futur cinéaste. Et pour anticiper, il confie avoir proposé au promoteur de Koudougou Doc le payement de sa formation au cas il n’est pas sélectionné . Contre toute attente son nom a été retenu.
« Nous étions huit à être formés en 2016. L’association a gardé l’année suivant les quatre meilleurs dont je faisais partie », relate le futur cinéaste. Il poursuit. « Nous avons suivi une formation de remise à niveau et j’étais encore cadreur sur un film documentaire en 2017 », Kevin Koliko. Nanti d’une formation en cadrage caméra durant une semaine, il souligne avoir été cadreur sur la réalisation de deux (02) films courts métrages documentaires dans le cadre du Festival Koudougou Doc(Les rencontres documentaires de Koudougou). C’était durant les deux dernières semaines d’avril 2016.
La traversée du désert
« De 2017 à 2018, j’ai été silencieux car je n’avais pas de matériel pour m’exercer », se souvient-il. Cette situation l’oblige à continuer à travailler dans le même hôtel où il était réceptionniste. En 2018, Kévin Koliko décide de reprendre les études universitaires. Il a fait finance Comptabilité. Ces moments de « galère » faute de matériels l’ont éloigné pour un temps de sa passion pour le cinéma.
Il se lance plus tard dans la photographie avec un appareil photo Canon 750D. « Je faisais et la vidéo et la photo avec ce seul appareil », se souvient-il. L’audace va payer. « Avec l’appareil photo Canon 750D, j’ai créé ma première entreprise en octobre 2019 sous le nom de Seenam Vision Production », raconte le futur entrepreneur. Durant la période 2019-2020 son bureau était, souligne le jeune cinéaste togolais, l’une de ses chambres à coucher et « l’accueil de l’entreprise était mon salon ». Le 05 septembre 2020, la chance lui sourit. Seenam Vision Production (SVP)a été inaugurée en présence du directeur régional de la culture des Arts et du Tourisme du Centre Ouest du Burkina Faso.
Succes story
« Nous avons accompagné une dizaine de festival en couverture photo-vidéo en communication et en conception graphique. Nous avons aussi réalisé 04 clips vidéos, une vingtaine de mariage et quelques couvertures de conférence et reportage », se réjouit-il aujourd’hui. C’est fort de cette aventure passionnante au sein de Koudougou Doc qu’il jette son regard de jeune sur le septième art africain.
« Le cinéma documentaire a de l’avenir sur le continent africain puisque nous parlons de la réalité de ce qui se passe en Afrique que les cinéastes mettent en valeur à travers les films », fait-il observer. Aussi le jeune cinéaste propose-t-il la création d’écoles de cinéma, des centres de projection, des salles de cinéma, des débats afin « de changer les mentalités et nourrir la conscience des gens à se tourner sur les valeurs à travers les films ». Toutefois, il déplore le manque de financement des cinéastes africains par les Etats africains. « Aujourd’hui la plupart des cinéastes, des réalisateurs et même les producteurs sont financés par l’Union européenne ou de l’extérieur et non pas par l’Afrique » déplore le promoteur de la structure SVP. Pour que le cinéma prenne de l’ampleur, souhaite-t-il, « il faut que les organisations africaines financent le cinéma africain ».
Anani GALLEY