Les nouveaux membres du Conseil d’administration du Bureau togolais du droit d’auteur (BUTODRA) ont pris fonction ce jeudi à Lomé dans l’espoir de relever au moins trois défis importants.
Les onze membres du l’institution, créée le 10 juin 1991, et dont la mission est de défendre les droits et de gérer les intérêts des auteurs, créateurs des œuvres de l’esprit, ont été installés ce 6 mai par Pierre Kossi Gbégnon Lamadokou, le ministre de la Culture et du Tourisme.
L’humoriste Kokou Agbléta, plus connu sous le nom de Gbadamassi Yaya, le réalisateur Steven AF, Folligan Amouzou à l’état civil, et les autres veulent écrire une nouvelle histoire du BUTODRA, celle qui permettra aux artistes de vivre effectivement de leurs arts.
Principaux défis
L’institution subit des critiques au fil des années. Elle est notamment accusée d’être incapable de jouer son rôle, d’être dépassée par la mission qu’elle devrait réaliser : collecter les redevances de droit d’auteur auprès des utilisateurs des œuvres de l’esprit et de les redistribuer aux auteurs. Bref, elle ne parvient guère à s’inscrire dans la dynamique d’aujourd’hui, dénoncent ses détracteurs. La liste des griefs portés contre elle est longue.
C’est pourquoi l’élection de la nouvelle équipe dirigeante le 24 mars dernier sonne comme un nouveau départ. Elle est donc missionnée à faire en sorte que le BUTODRA retrouve ses lettres de noblesse. Et le plus rapidement possible.
N’daam Gnazou, le nouveau président du Conseil d’administration, précise au cours de la cérémonie de l’installation que l’heure est au renouveau.
En effet, décline-t-il, « Le premier défi sera de faire en sorte à appuyer la direction du BUTODRA afin qu’elle puisse trouver les mécanismes qui pourront permettre à l’institution d’engranger assez de ressources pour permettre aux artistes togolais de vivre décemment de leurs arts suite à la répartition qu’elle fera après avoir collecté les ressources ».
L’une de ses faiblesses que tout le monde relève est le manque de « stratégies » devant faire rentrer les fonds. Il faut faire davantage « que ce qui a été fait jusqu’à ce jour », laisse-t-il entendre.
En seconde position, poursuit-il, la nécessite d’appliquer la nouvelle loi relative à la réorganisation du BUTODRA. Elle n’est pas encore votée à l’Assemblée nationale mais le sera dans les semaines à venir. Elle « va permettre d’élargir l’assiette susceptible de collecter tout ce qui est revenu issu des œuvres de nos artistes. Il s’agira de renégocier certains contrats que nous avons avec certains partenaires et que nous trouvons indignes et humiliants pour le BUTODRA ».
Le troisième, et dernier défi important, reste la digitalisation. M. Gnazou en donne des détails : « Un travail a déjà commencé dans ce sens. Dans les jours à venir les gens n’iront plus vers les consommateurs des œuvres des artistes pour récolter des sous mais plutôt l’opération se fera à travers des moyens numériques ».
Promesses
Les nouveaux membres du Conseil d’administration du Bureau togolais du droit d’auteur font donc face à d’immenses chantiers. Ils ont deux ans pour faire bouger les lignes. Ils pourront compter sur l’engagement du ministre de la Culture et du Tourisme pour redorer le blason de l’institution.
Pierre Kossi Gbegnon Lamadokou renchérit. « Nous avons pensé qu’il faut pour permettre aux artistes à court ou à moyen terme de pouvoir vivre de leurs arts, élargir l’assiette des recettes à percevoir », insiste-t-il.
Selon lui, le texte de loi en préparation résoudra un certain nombre de problèmes notamment la perception « de nouvelles taxes ». Tout le monde doit mouiller le maillot pour que la moyenne prenne, dit-il à mots voilés.
Fabrice Kossivi