Stephan Röhl

Fatou Bensouda, procureure générale de la CPI, fait son bilan et vise des responsabilités dans son pays

Avant de céder son poste de procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda dresse son bilan et ambitionne dans le futur de jouer un rôle important dans son pays. La procureure générale de la Cour pénale internationale fait ses dernières heures à la tête de l’institution qu’il va quitter mi-juin prochain.
 
 
 
 
L’heure est au bilan. Et la Gambienne tient a affirmer que la CPI ne poursuit pas que les Africains comme beaucoup le laissent croire. « Je pense d’abord que c’est une critique injuste, et infondée. Effectivement, la CPI a beaucoup travaillé en Afrique. Mais c’est avant tout lié au fait que des États africains eux-mêmes ont saisi la Cour », explique-t-elle au micro de RFI, prenant « l’exemple de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo, la République Centrafricaine à deux reprises, le Mali, les Comores ».
 
 
« Deuxièmement, ceux qui ont mené cette propagande contre la Cour ont choisi, délibérément, de ne parler que des affaires concernant le l’Afrique. Mais nous avons mené divers examens préliminaires et enquêtes hors du continent : en Colombie, aux Philippines, au Venezuela, en Ukraine, en Géorgie, nous avons aussi ouvert une enquête en Palestine, en Afghanistan, donc c’est complétement faux de dire que la CPI ne vise que l’Afrique », rappelle la juriste.
 
Fatou Bensouda souligne qu’elle ne considère pas l’acquittement de Laurent Gbagbo, de Charles Blé Goudé comme un échec personnel. En effet, argumente-t-elle, « Je n’en fais absolument pas une affaire personnelle, j’ai traité ce dossier de manière totalement dépassionnée, et avec professionnalisme ».
 
« L’affaire a été politisée, j’ai été attaquée, mais je n’ai aucun intérêt personnel dans ce dossier, j’ai fait mon travail de procureur », enchaîne l’avocate de 60 ans.
 
Cette dernière s’est en outre prononcée sur les dossiers Omar el Béchir, ex-président du Soudan actuellement en détention dans son pays pour des crimes graves et sur l’affaire Jean-Pierre Bemba, ex-chef de guerre, jugé et acquitté par la CPI.
 
Fatou Bensouda, après ses fonctions à la Cour internationale pénale, déclare qu’elle va prendre quelques semaines sabbatiques, réfléchir « à la manière de participer au développement » de la Gambie, son pays, ou « continuer à contribuer au niveau international ».
Elle sera remplacée par le Britannique Karim Khan, élu en février dernier lors d’un vote à bulletin secret, faute de consensus. Le nouveau procureur de la CPI est un avocat de 50 ans, spécialisé dans des droits humains.
 
Fabrice Kossivi