Nelson Mandela disait : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends.» Cela fait plus trente (30) ans que les Togolais luttent contre un régime cinquantenaire qui se transmet de père en fils. Malgré l’énorme tribut, notamment en vies humaines consentit par le peuple, le changement positif souhaité n’est pas au rendez-vous.
Au lieu de crier à l’échec, sommes-nous en mesure de tirer les leçons de trente ans d’expérience afin de réorienter notre lutte pour la démocratie?
Passons d’abord en revue, les stratégies perdantes :
Participer aux élections, les gagner pour instaurer la démocratie avec les instruments de l’Etat.
Après son échec aux législatives de 1994, le régime togolais a verrouillé son système électoral en transformant les institutions en instruments à son service. Il s’est octroyé toutes les victoires contrairement à la vérité des urnes, quelle que soit l’élection. Dès lors, l’opposition ne dispose plus d’aucun ressort pour jouir effectivement de ses victoires dans les urnes. L’élection est devenue un simple instrument à activer pour donner un cadre légal à la confiscation du pouvoir.
La vérité rougit les yeux mais ne les crève pas. Si vous êtes assez honnête avec vous-même pour reconnaître la vérité quand vous la voyez. Voici la vérité : aucune dictature ne perd jamais l’élection qu’elle organise, dans des conditions volontairement et hautement frauduleuses. Dans les conditions actuelles, l’élection constitue l’obstacle à l’avènement de la démocratie au Togo.
Qu’est-ce que l’opposition peut encore dire au peuple togolais pour justifier sa participation aux élections dans ces conditions ?
Trente ans de pratique électorale n’ont pas donné aux Togolais la moindre chance d’établir la démocratie et de jouir de l’alternance.
N’est-il pas temps de tirer les enseignements de cette longue expérience et de changer la nature de la lutte pour offrir d’autres perspectives aux Togolais ?
Participer aux élections, prouver la fraude et déclencher une révolution à partir de la contestation des résultats
Primo, il est quasiment impossible d’invalider un résultat frauduleux ! Trente ans d’expérience togolaise nous le démontrent. En dehors de la Gambie et de la Côte d’Ivoire où il y a eu des interventions militaires, respectivement de la CEDEAO et de l’ONU, toutes les élections frauduleuses tenues dans l’espace CEDEAO ont été remportées par les organisateurs et validées par la CEDEAO. Comme vous le savez, les institutions qui organisent les élections au Togo sont toutes aux ordres du régime, y compris la Cour constitutionnelle. Dénoncer ou prouver la fraude ne sert donc strictement à rien.
Secundo, dans les conditions actuelles, les élections sont le principal facteur de division des partis politiques de l’opposition. Si nous reconnaissons que l’élection est par nature une compétition, on ne peut donc pas trouver anormal les différentes attaques entre candidats de l’opposition. Seul problème, au moment de la proclamation des résultats frauduleux, les forces de l’opposition se sont tellement affaiblies dans les luttes intestines qu’elles sont incapables de se mettre ensemble et d’opérer une contestation post-électorale. Résultat : impossible de faire partir le dictateur par la rue après l’élection.
Qu’est-ce que l’opposition peut encore dire au peuple togolais pour justifier sa participation aux élections dans ces conditions ?
Trente ans de contestation des résultats des élections n’ont pas donné aux Togolais la moindre chance d’établir la démocratie et de jouir de l’alternance.
N’est-il pas temps de tirer les enseignements de cette longue expérience et de changer la nature de la lutte pour offrir d’autres perspectives aux Togolais ?
Négocier avec le régime la fin de la dictature et la cogestion du pays
Au Togo, nous avons connu 28 dialogues dont les accords n’ont jamais été mis en œuvre. La preuve, la crise persiste. Pire, les conditions de vie, les libertés publiques et les droits fondamentaux se dégradent considérablement chaque jour. A l’approche des élections régionales qu’il veut organiser, le régime togolais a initié un nouveau dialogue – encore un – avec des partis de l’opposition triés sur le volet. Peut-on espérer que ce dialogue-ci produise un résultat qui corresponde aux attentes des Togolais contrairement aux vingt-huit précédents ?
Doit-on persister dans la voie de ce type de dialogue ou s’ouvrir sur la perspective d’une véritable résolution de la crise ? Qu’est-ce que l’opposition peut encore dire au peuple togolais pour justifier sa participation aux dialogues dans ces conditions ? Trente ans de pratique du dialogue n’ont pas donné aux Togolais la moindre chance d’établir la démocratie et de jouir de l’alternance.
N’est-il pas temps de tirer les enseignements de cette longue expérience et de changer la nature de la lutte pour offrir d’autres perspectives aux Togolais ?
Gnimdéwa Atakpama
Délégué national aux affaires intérieures
Parti des Togolais