AMINA : les raisons d’un bras de fer

Plusieurs ouvriers ont été licenciés à la société AMINA, suite à leurs revendications portant sur de meilleures conditions de travail. Après le licenciement, la société a fermé ses portes depuis ce lundi 20 septembre 2021, officiellement « pour des raisons de sécurité et ce jusqu’à nouvel ordre ».

 

C’est un véritable coup de tonnerre à la société AMINA du Togo. Près de 3000 ouvriers en poste dans cette entreprise sont licenciés. Tout est parti d’une cessation totale du travail du personnel de la société. « Nous vous
informons de notre décision de vous licencier pour motifs suivants : refus d’exécution de vos obligations professionnelles et contractuelles depuis le 06 septembre 2021 jusqu’à ce jour, l’insubordination (la non observation de la note de service vous ordonnant de reprendre le travail le 09 septembre 2021 après 72 heures d’arrêt de travail», notifie la Direction Générale dans un courrier envoyé aux employés licenciés.

Durant deux semaines, le personnel de la société était en grève, sans aucun service minimum, à cause de leurs conditions de travail précaires et l’abus du pouvoir de la société depuis l’élection des nouveaux délégués du personnel.
« Tout a commencé depuis le 13 mars 2021. Nous avons fait une élection pour élire de nouveaux délégués du personnel. On se disait enfin que la direction de la société Amina a accepté qu’on fasse les élections. Après les élections, nous avons écarté les anciens délégués qui ont fait plus de vingt ans à ce poste, sans réellement penser aux meilleures conditions de travail de leurs électeurs. Il faut dire qu’ils étaient à ce poste depuis 20 ans, mais nous n’avons constaté aucun changement. Depuis que nous avons élu de nouveaux délégués qui plaident pour notre cause, nous avons constaté que la société ne fait que licencier nos collègues », nous confie un employé licencié de la société.

Il regrette que les employés soient laissés à eux-mêmes face, selon lui, aux intimidations et abus du pouvoir de la direction générale. « Aucune autorité n’a pas levé son petit doigt pour nous sortir de ces difficultés et dysfonctionnements constatés », déplore-t-il.

Les employés dénoncent aussi la rupture de contrat de travail pour les agents totalisant plus de deux ans dans le métier, la cessation des heures supplémentaires, la base floue de rémunération et de calcul des heures supplémentaires, l’absence de contrat devant préciser la rémunération et la classification du contrat de travail. Selon la direction générale de la société, cette décision de licenciement des employés est prise à cause de leur « grève illégale ». «Imaginez ce que représentent deux semaines de grève illégale dans la vie d’une entreprise privée. Finalement, l’employeur ne pouvait plus continuer la collaboration et il n’avait pas d’autres choix que de les licencier»  a indiqué Roger Attiba, chef adjoint du personnel à la société AMINA.

Le Syndicat National des Travailleurs de la Zone Franche du Togo (SYNATRASFT) n’est pas resté en marge de
cette affaire. Le syndicat regrette cette décision, mais reconnaît que la loi a été appliquée. Implantée dans la Zone
Franche depuis 30 ans, la société Amina emploie plus de 4000 personnes. Elle est spécialisée dans la fabrication
de mèches.

Etonam Tamelokpo / Nouvelle Tribune