Je ne sais pas si au bout, le président français ne va pas regretter d’avoir organisé ce sommet Afrique-France dans une version totalement innovante, rien qu’avec les jeunes du continent.
A l’instant même, pendant que je suivais le direct de cette rencontre, j’ai vibré en écoutant cette jeune dame, du nom de Adams. Avec clarté et précision, elle a coincé, à plusieurs égards, le président français, notamment sur son langage de ces dernières semaines concernant son différends avec les autorités maliennes. Elle lui a vertement rappelé que la France n’est pas au Mali pour aider ce pays, mais surtout pour corriger la bévue qu’elle a commise en Libye et dont la situation au Mali en est la conséquence.
Elle lui a aussi dit, les yeux dans les yeux, de renoncer à son partenalisme et à cette tendance à oublier que sans l’Afrique, la France n’aurait pas été la France d’hier et d’aujourd’hui.
Le Président français s’est ardemment défendu, sans pour autant convaincre vraiment expliquant en effet qu’il ne fait pas du partenalisme, mais se montre plutôt sincère en disant certaines vérités qui sont des faits.
Un autre jeune, très mordant, lui ouvertement et clairement demandé d’éviter de traiter les sujets sur les alternances et transitions en Afrique, au cas par par cas. Les cas du Tchad, du Mali, de la Côte d’ Ivoire, de la Guinée lui ont été amplement rappelés.
C’est ici précisément que j’ai esquissé un léger sourire à l’écoute des réponses du Président français. Pour le résumer, toutes les positions prises par la France sur ces différents dossiers, étaient adossées simplement à celles de l’Union Africaine. Mais, tout le monde sait qu’il a dit faux, en l’occurrence dans le cas tchadien où la France a validé le coup d’État, installé Kaka Debi à Ndjaména sans attendre une réaction quelconque des institutions régionales et sous régionales.
Mais avançons. Au-delà de ce jeu d’explications entre Macron et les jeunes africains issus de la société civile, du monde de la littérature, de la culture et de l’innovation, le sommet de Montpellier pose tout de même un sérieux problème.
Quelle fierté nos dirigeants actuels ont-ils, de se proclamer Chefs d’État, souvent assis un pied sur l’autre, décemment habillés en costumes et cravates, pendant que la crème de leurs jeunesses se retrouve devant le président français, entrain de les laver, de les savonner et d’étaler ce qui est supposé être un linge sale qui aurait dû se laver en famille?
Que comprennent-ils vraiment de tout ce scénario qui se joue présentement à Montpellier ? Qu’ils ont lamentablement échoué, au point où leurs jeunes sont plus à l’aise à coincer leur parrain français à leur sujet.
Mais finalement, quel est ce parent qui se dit agir au nom d’une famille dont les membres, fils et filles ne peuvent débattre avec lui des problèmes qui minent le foyer?
Je suis presque convaincu si ce type d’échanges avaient eu lieu une seule fois avec un président de nos contrées sur le ton qu’il a pris, tous les participants auraient été aisément admis à une maison d’arrêt sans ménagement. La vérité blesse tellement l’égo de nos dirigeants qu’ils n’osent guère s’y aventurer en laissant une marge à leurs citoyens, au nom de qui ils sont dans ces fauteuils douillets, de la leur dire en face.
En tout cas, les échanges entre le Président Macron et les jeunes africains sont vraiment houleux et montrent clairement que la mentalité africaine est entrain de connaître une mue sérieuse que seuls les étourdits se permettraient encore de négliger ou de minimiser.
C’est évident que le Président français aura du mal à dormir cette nuit, du fait de ce qu’il a entendu et vécu avec les jeunes à Montpellier. Il sera d’autant plus troublé qu’aucun président africain n’a encore eu de couilles pour lui cracher au visage ces genre de vérités sans gangs, tant ils jouent leurs intérêts et même leur légitimité avec lui.
L’Afrique des peuples est en marche, c’est une évidence !
Luc Abaki