Erreurs médicales au Togo, ça devient un vrai problème de santé publique

Ornella Laine, un nom devenu douloureusement célèbre au Togo, depuis que cette jeune femme et l’enfant qu’elle mettait au monde sont décédés dans un centre médical de Lomé. L’opinion nationale est scandalisée, à juste titre. Je présente mes condoléances à la famille éplorée.

En 2012, ma nièce Nicole est décédée dans une clinique privée de Lomé, alors qu’elle y était admise pour un traitement banal. La faute professionnelle était évidente et par principe la famille a porté plainte. Ni la clinique, ni les responsables n’ont jamais été inquiétés. D’ailleurs, notre plainte a été difficilement prise en compte par la justice, car personne n’avait jamais poursuivi la direction d’un centre médical.
Nouvel événement en 2016, une proche de ma famille fiévreuse se rend dans une clinique de la place. Après une perfusion de glucose, elle tombe aussitôt dans un coma diabétique. Quelques heures plus tard, elle décèdera. En fait, la clinique n’avait pas pris les précautions d’usage pour s’assurer qu’elle n’était pas diabétique. Une autre faute professionnelle qui une fois de plus a entrainé la mort.
Deux drames humains de cette nature en moins de quatre ans dans ma propre famille. Qu’en est-il pour l’ensemble de la population togolaise ?
Au-delà des très rares sanctions ponctuelles qui interviennent quand un cas est médiatisé comme celui d’Ornella, l’Etat doit prendre conscience qu’il s’agit là d’un problème de santé publique. Il doit assumer son rôle de protection de la population. Cela urge !
Ce phénomène est bien connu des pouvoirs publics, mais aucun chiffre officiel n’est disponible pour évaluer son ampleur.
A défaut d’une prise en compte par l’Etat de l’évaluation de ces drames humains qui touchent toute la population togolaise, il serait très utile que les organisations de la société civile opérant dans le secteur de la santé se penchent sérieusement sur la question et lancent un appel à témoin pour recenser les décès liés à des négligences médicales.
C’est la double peine pour les Togolais qui souffrent déjà de la faiblesse du plateau technique dans les structures sanitaires. Il est donc inacceptable que des enfants, des femmes et des hommes meurent dans les hôpitaux ou les centres de santé de manière récurrente en raison de fautes professionnelles.
Gamesu

Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais