Monsieur KIZA Matozoué, propriétaire des deux grosses pointes devra purger une peine d’emprisonnement de quinze mois et payer quinze millions de francs d’amende pour avoir été reconnu coupable de tuerie d’élé- phants dans le parc Fazao, de circu- lation et de commercialisation illégale de deux grosses défenses d’élé- phants, espèce intégralement protégée. Les quatre autres prévenus trafiquants d’ivoire sont condamnés chacun pour complicité de tentative de commercialisation des pièces d’espèce animale intégralement protégée, à quinze mois de prison dont neuf mois desursisetàpayerune amendede dix millions de francs chacun. Outre les différentes peines, les cinq contre- venants devront trouer encore leur portefeuille. Au motif qu’ils vont cas- quer solidairement vingt millions de francs de dommages et intérêts en fa- veur du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF).
Pour condamner les cinq trafiquants, le juge a fait référence à l’arti- cle 761 du nouveau code pénal du Togo qui dit clairement que la destruc- tion et la commercialisation, directe ou indirecte, sans droit d’espèces anima- les ou végétales protégées en vertu des dispositions législatives et régle- mentaires en vigueur et des conventions internationales auxquelles la République du Togo est partie est punie d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinquante millions sans préjudice de toute autre disposition du présent code.
Ensuite, le juge, pour rappel de sensibilisation, a souligné que les espèces animales dont l’éléphant, le pangolin et autres sont protégés, de même que les espèces marines dont le requin et les espèces végétales comme l’iroko et d’autres arbres sont protégés. «Nuln’estcenséignorer la loi. Le pangolin est protégé et ceux qui en mangent doivent cesser. Lors- qu’on tue ces animaux protégés on détruit la chaîne humaine. Lorsqu’on tue les animaux en désordre, d’abord les générations futures ne connaîtront plus ses espèces, en- suite on détruit l’équilibre de l’éco- système. Vous allez dire que ce sont des animaux, mais ces animaux sont protégés et ne doivent pas être tués. Je nous invite à participer à la politi- que de l’Etat de la protection des espèces en voie d’extinction », a-t-il déclaré.
Cette sanction est encourageante et démontre une vraie prise de cons- cience de la gravité des faits par le tribunal de première instance de Sokodé. « Le Togo n’a presque plus d’éléphants dans sa faune en proie à l’action humaine. Appréhender encore des individus en possession des défenses d’éléphant qu’ils ont récemment abattu dans ladite faune, ne peut mériter qu’une appli- cation dissuasive de la loi comme témoigne cette décision de justice », a déclaré le Coordinateur par inté- rim d’EAGLE-Togo.
Le Togo, conformément à ses en- gagements internationaux relatifs à la convention de Washington de 1977 portant sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinc- tion, doit se faire le devoir de punir les trafiquants de produits fauniques avec rigueur et l’application effective de la loi par de fortes peines d’empri- sonnement fermes, seul moyen de dissuader les trafiquants ou d’en- voyer un message fort aux autres qui sont impliqués ou qui pourraient avoir l’intention de mener de telles activités illégales.
Le trafic d’ivoire génère d’énor- mes profits illégaux pour des organisations criminelles complexes qui sont souvent responsables de l’abattage des éléphants. Ce trafic porte atteinte à l’État de droit et contribue au finan- cement du crime organisé et des groupes armés dans certaines ré- gions. Il est donc temps que ces cri- minels qui jalonnent les quatre coins du pays, soient jugés comme tels et que les sanctions appliquées par la justice soient exemplaires et dissua- sives.
Rappelons que les cinq présumés
trafiquants ont été arrêtés en flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation illégale de deux grosses défenses d’éléphant les 26 août 2022 à Sokodé et ont été défé- rés à la prison civile de Sokodé, le 29 août 2022. L’arrestation a été pos- sible grâce aux agents de la Brigade de Recherches et d’Investigations (BRI) de la police de Sokodé et du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) en collaboration avec EAGLE-Togo.