Ce matin, à mon réveil, j’ai vu dans ma galerie, des photos de notre drapeau qui m’ont été envoyées par des connaissances via l’application watsapp, avec mention « bonne fête de l’indépendance ».
Du coup moi aussi en ai transféré à d’autres en guise de transmission de la même idée souhaitant à nous tous, fils et filles de ce pays, l’heureuse fête marquant notre fierté d’appartenir à un creusé commun que nous appelons Togo.
Mais au même moment, des questions se sont succédé dans mon esprit. Le drapeau togolais, en réalité, signifie quoi, au-delà de ses couleurs rouge, vert, jaune et blanc?
A l’école, il m’avait été appris que le drapeau est l’un des symboles forts d’une nation. Il renferme à travers ses couleurs, des valeurs, une philosophie de vie, une vision et des principes qui doivent gouverner la vie d’un peuple.
Alors je considère la transmission de ces photos de notre drapeau comme un rappel de ce que notre peuple est censé incarner comme valeurs. Courage, amour du travail, notamment de la terre, bravoure, respect du sang versé par nos aïeux pour nous délivrer de la vie serve qui nous était imposée par le colon blanc, culture d’intelligence afin d’être brillants et ainsi honorer au mieux ces hommes et femmes de valeurs d’hier par nos oeuvres d’aujourd’hui.
Autrement dit, par notre bravoure, notre attachement à l’action, notre intégrité, nous honorons la mémoire de ceux qui, hier, se sont battus pour nous donner cet espace de vie de liberté dont nous jouissons aujourd’hui.
Mais alors dans les faits, de façon concrète et vraie, combien d’entre nous sommes réellement conscients de notre recevabilité vis-à-vis de ce patrimoine commun que nous appelons Togo?
La question ne s’adresse pas qu’au peuple, mais aussi et surtout aux dirigeants eux-mêmes, aux leaders et à tous ceux qui ont, dans les mains, une portion du pouvoir d’État. De quelle manière, rendons-nous hommage à ceux qui ont risqué leur vie hier, pour nous permettre de bénéficier de la vie qui est la nôtre aujourd’hui? Quel est le regard que nous portons à autrui, un concitoyen dont l’apport, si infime soit-il, est aussi indispensable à cette œuvre de construction de cet héritage pour les générations de demain?
Si nos ancêtres ne se sont pas limités à leur vie propre, à leur ventre, à l’avenir unique de leur famille directe et ont mouillé le maillot, risqué leur vie pour nous laisser cet héritage, pourquoi nous n’en ferions pas autant, pourquoi nous en retour, devons penser à nous et à nous seuls et de surcroît avec le fruit du labeur des autres?
Les enjeux en effet, sont grands. Le Togo, pour l’instant, est loin d’être une nation. Aussi bien dans les faits que dans l’esprit de l’écrasante majorité du peuple, nous sommes bien dans le contexte de chacun pour soi et Dieu pour tous.
Le sens du sacrifice pour le devenir commun n’existe plus, l’égard bienveillant pour autrui afin de l’aider à sentir les bienfaits de la vie a déserté l’esprit de nos concitoyens. L’entraide mutuelle, la solidarité, le partage, ne sont plus que de vains mots. A chacun ses problèmes, l’on s’entend-il dire souvent un peu partout dans le pays!
Vous êtes nommé ministre ou à un poste de responsabilité dans l’appareil directionnel de l’État, votre préoccupation première est d’utiliser votre position et les avantages y afférents, pour réaliser au plus vite ce que vous avez pris du retard à réaliser, maisons, voitures, meilleures costumes et cravates etc…
Les biens et les intérêts, y compris du pays, se gèrent entre frères, amis, dans des réseaux, des clans… Notre esprit aujourd’hui est si obtus, clanique, sectaire, individualiste que fêter de façon mécanique une pseudo INDÉPENDANCE NATIONALE est à mon sens presque de l’hypocrisie, ou du moins ne revêt aucun sens véritable.
Il va falloir que nos dirigeants veillent, à compter de maintenant, par leur propre comportement et leur langage, à faire germer dans l’esprit du citoyen, l’envie de participer à la construction d’une nation véritable et à se sentir réellement utile pour une telle cause.
Ceci passe impérativement par une prise de conscience effective de la responsabilité de chacun de nous dans le projet de construction de ce patrimoine. Mais comment en prendre conscience si nos dirigeants eux-mêmes, si nos aînés qui bénéficient déjà des dividendes de notre labeur quotidien ne pensent qu’à eux, et donnent le regrettable sentiment qu’ils ne vivent que par eux et pour eux alors que le devoir de construire le pays reste entier?
Ne pas y réfléchir et prendre des dispositions idoines à cet effet dès maintenant, c’est sans doute manquer du sens de responsabilité. La vie, dit-on, ne se marque que par la transmission. De quoi? Des valeurs, des qualités, des vertus, de la connaissance etc. Que personne ne l’oublie dans son vécu quotidien…
Bonne fête quand-même!
Source: Luc Abaki