Instituée par les Nations Unies en 1993, la journée mondiale de la liberté de la presse a pour objectif de rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement pour une presse libre, mais aussi de souligner que les conditions d’exercice du métier d’informer peuvent être particulièrement difficiles, voire très dangereuses dans certains pays. Chaque année, Reporters sans frontières (RSF) établit un classement de 180 pays et régions, de manière à « mesurer » l’état de la liberté de la presse dans le monde.
La méthode sur laquelle s’appuie l’organisation consiste en une appréciation d’une série de facteurs tels que le pluralisme et l’indépendance des médias, ainsi que la qualité du cadre légal et de la sécurité des journalistes. Les exactions contre les journalistes sont également prises en compte. Cette année, le haut du classement revient aux quatre pays scandinaves (Norvège, Finlande, Suède et Danemark). Le bas du classement est, quant à lui, occupé par quelques habitués : la Chine, le Turkménistan, la Corée du Nord et l‘Erythrée.
En Afrique de l’Ouest, la photographie réalisée par RSF affiche des situations contrastées. La 30e place est occupée par le Ghana (qui se place devant l’Afrique du Sud, la France et le Royaume Uni) ; la 37e, par le Burkina Faso (devant les Etats-Unis, à la 44e place) ; tandis que les pays les moins performants sont la Guinée (109e), le Bénin (114e) et le Nigeria (120e).
Le Togo, qui arrive à la 74e position du classement, a perdu trois places par rapport à 2020.
RSF, qui souligne que la situation de la liberté de la presse est fortement dépendante du contexte politique, indique que « en période électorale, l’autocensure reste de mise pour les journalistes, qui préfèrent éviter de traiter des sujets tabous comme la corruption, l’armée, le président et sa famille. Depuis les grandes manifestations de 2017 contre le maintien au pouvoir du président Faure Gnassingbé (…), la situation s’est quelque peu apaisée, et le nombre d’exactions contre les journalistes est en forte baisse ».
Avec 171 titres de presse, 74 radios et 10 chaînes de télévision, le Togo dispose d’un paysage médiatique foisonnant. Pour autant, estime RSF, « les médias d’État peinent encore à fournir une véritable information de service public. La dépénalisation des délits de presse est acquise depuis 2004, et les organisations professionnelles de journalistes disposent d’une importante capacité de mobilisation pour défendre la presse lorsque cette dernière est attaquée ».
Pour RSF, le principal défi pour les médias Togolais sont ceux liés aux ressources financières pour assurer leur viabilité économique. De plus, RSF met en question l’organe de régulation (la HAAC) qui manquerait d’indépendance et freinerait la culture du journalisme d’investigation. L’organisation se fonde sur la série de suspensions de journaux privés, « dont la plus récente est celle du bihebdomadaire L’Alternative, du journaliste d’investigation Ferdinand Mensah Ayité ».
Reporters sans frontières n’est pas la seule organisation à monitorer de manière quantifiée la situation de la liberté de la presse dans le monde. Aussi, la fondation américaine Freedom House évalue chaque année le degré de la liberté de la presse dans 210 pays et régions du monde. Pour l’année 2020, la situation en Afrique de l’Ouest est, ici aussi, contrastée : entre le Ghana, pays où la presse est considérée comme libre, et le Mali, où elle n’est pas considérée comme libre du tout, la presse de tous les autres pays est considérée comme partiellement libre. L’ONG met cette évaluation en perspective avec celle des droits politiques et des libertés civiles.
En ce qui concerne le Togo, l’ONG américaine estime qu’il reste des progrès à réaliser sur les plans des droits politiques (le score est de 15/40) et de libertés civiles (28/60). La Freedom House justifie notamment son évaluation relative à liberté de la presse par le fait que celle-ci « est garantie dans la constitution, mais elle n’est pas maintenue de manière cohérente dans la pratique ».