L’ANC “demande instamment au gouvernement de remédier à cette situation d’injustice flagrante”.
À travers cette réaction, nombreux sont les observateurs qui s’interrogent. Beaucoup pensent que dans le parti de Fabre n’a rien perdu de ses vieilles méthodes qui consistent à toujours balayer de revers de mains tout ce qui est proposé, même ce qui l’arrange. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les trois projets de loi adoptés et au
sujet desquelles l’Anc réagit, proviennent des conclusions de la Concertation Nationale entre Acteurs Politiques
(CNAP) qui s’est tenue du 19 janvier au 13 juillet 2021 et à laquelle l’ANC a pris activement part avant de claquer la porte à la veille de la fin des travaux.
Pour rappel, le premier projet portant modification de la loi n°2012-002 du 29 mai 2012 portant code électoral, modifiée par la loi n°2013- 004 du 19 février 2013, la loi n°2013-008 du 22 mars 2013 et la loi n°2019-017 du 06 novembre 2019 vise à améliorer le cadre électoral afin de le rendre plus transparent et crédible. En outre,
il crée un climat socio-politique apaisé et concerté à l’ensemble des citoyens togolais en modifiant de ce fait, notamment les dispositions relatives à la commission électorale nationale indépendante, à la révision des listes électorales, à l’authentification des bulletins de vote, au parrainage des candidats indépendants, à l’élection présidentielle et aux délais de dépôt des candidatures pour les élections régionales et municipales.
Le deuxième projet de loi modifie la loi n° 2007-011 du 13 mars 2007 relative à la décentralisation et aux libertés locales modifiée par la loi n°2018-003 du 31 janvier 2018 et la loi n°2019-006 du 26 juin 2019. Il vise à modifier, d’une part, le nombre de conseillers par région pour tenir compte du nombre de communes par préfecture composant la région ainsi que de la population préfectorale et, d’autre part, la composition du bureau exécutif du conseil régional en augmentant le nombre de vice-présidents en vue de permettre à l’opposition d’avoir l’opportunité de participer à l’exécutif. Le troisième projet portant modification de la loi n° 2011-010 du 16 mai 2011 fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunion et de manifestations pacifiques publiques modifiée par la loi n° 2019-
010 du 12 août 2019, s’inscrit dans l’optique de l’allègement de certaines mesures modificatrices introduites en 2019.
La critique pour la critique
Effet, selon l’ANC « les pseudos reformes de la loi électorale votées par l’Assemblée nationale ne répond dent pas aux préoccupations maintes fois exprimées par elle et ne rassurent pas les populations togolaises désabusées par des fraudes électorales systématiques et de plus en plus flagrantes ».
Pourtant, l’Anc a participé aux travaux qui ont conduit à ce projet de loi (1 er vice-président et le secrétaire général adjoint) jusqu’à l’avant-veille des travaux, 6 mois plus tard avant de rompre les travaux. On pourrait, estimer que les
conclusions n’allaient pas dans le bon sens, c’est pourquoi le parti a claqué la porte mais, c’est méconnaitre l’Anc. Pour les observateurs avisés, cette attitude, le parti le détient dans ces gènes notamment. Le parti, selon certains, a
quitté la concertation pour se mettre en embuscade et au moment venu sort pour vouer aux gémonies tout le travail fait et auquel il a contribué dans l’optique de se donner une « bonne conscience auprès de son électoral s’il existe encore ».
Le estime, en lisant le communiqué, qu’il « est temps que le chef de l’Etat et le gouvernement comprennent enfin, que le règlement durable de la crise qui mine notre pays depuis de longues années passe par un assainissement en profondeur du cadre électoral et des institutions impliquées dans les processus électoraux ». C’est à ce demander
si vraiment le Togo est en crise? Certes, les problèmes sociaux auxquels le pays est confronté peut amener à cette confusion, surtout lorsqu’on est ANC et on veut toujours se saisir des opportunités pour s’attirer la sympathie des populations. Qu’à cela ne tienne, lorsque dans le communiqué, l’Anc parle d’un besoin, d’ « assainissement en profondeur du cadre électoral et des institutions impliquées dans les processus électoraux », n’est pas vouloir une chose et son contraire? On sait que bien que l’ANC aime ça. Par ailleurs, dans le communiqué, l’ANC rappelle
que le parti a toujours dénoncé́ « l’iniquité́ criarde du découpage électoral pour les législatives,” et souligne que
c’est “dans le même esprit que gouvernement a procédé́ à la répartition des sièges de conseillers par région ». Cela étonne car, selon les informations, la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP) s’est planchée sur ce sujet du nombre de conseillers par région. La question est de savoir pourquoi c’est maintenant que l’Anc vient
de soulever le problème alors que le gouvernement avait assuré que les discussions au sein de la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP) sont sans tabous?
L’autre constat à la lecture du communiqué, c’est que l’Anc continue d’entretenir le floue sur la participation
aux élections régionales. Le parti en fait ne dit pas clairement si oui ou non, il participe au scrutin. Parlant du projet portant modification des conditions d’exercice de la liberté de réunion et de manifestations pacifiques publiques,
l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) indique que « le régime autocrate RPT/UNIR campe sur ses positions liberticides et verrouille d’avantage toute possibilité́ de manifester au Togo ».
Cela rappelle , les levées de bouclier de l’Anc lors du vote de la loi Bodjona sur les manifestations publiques. Le parti a eu la même condescendance à propos de cette loi mais a été la première formation à s’en
prévaloir pour la jouissance. L’Anc et ses dirigeants semblent ne pas changés de dynamique politique. La critique systématique, la ruse et le camouflage politique pour des buts inavoués demeurent le propre du parti. Et cela ne paie pas toujours.
Le Messager