En vérité est-ce qu’il a tort d’établir un tel constat? Je parie que des milliers d’esprits objectifs me répondront à coup sûr par la négative. Ainsi donc on peut aller à la phase suivante de l’analyse. A qui la faute, quand on sait que la gouvernance d’État consiste d’abord et avant tout, à créer l’écosystème qui permet à chaque citoyen de se faire valoir en tant qu’être humain, ayant des facultés à capitaliser pour une cause commune?
Le fait de s’inquiéter du fait qu’il n’existe pas d’opposition constructive dans notre pays, implique que l’existence d’une opposition constructive est un besoin vital pour une démocratie. Alors, sommes-nous disposer à assoir réellement les socles de la démocratie dans notre pays?
La question parait peut-être idiote ou même irréfléchie, puisque nous avons déjà fait une bonne quarantaine d’années de marche vers cette démocratie! Mais loin s’en faut. Elle est si fondée qu’il serait largement hypocrite sinon irresponsable de nier le fait que la pensée critique, l’avis contraire est farouchement combattu dans notre pays par les gouvernants. « Est-ce qu’il est avec nous? » Voilà une question sans doute incongrue, mais très répandue, qui a d’ailleurs l’allure d’une devise dans les rangs des hauts commis de l’État et du parti dirigeant du pays.
On ne se demande pas si la personne est un citoyen togolais et encore moins, si sa pensée est constructive, mais ce qui importe est de savoir si elle est avec « nous ». Autrement dit, ça réfléchit en terme de clans, de réseaux avec une vue partielle et forcément parcellaire de toute chose. Dès lors qu’il n’est pas établi que la personne qui formule un point de vue contraire que l’on peut qualifier de critique, est avec » nous », forcément elle a tout d’un « opposant », à combattre ou même à abattre.
Alors question : est-il possible pour un être humain de danser et en même temps de s’apprécier soi-même? En vérité accepter la critique, est un acte d’intelligence qui rend forcément compte de notre capacité à ouvrir notre esprit et à prendre nos forces de tous côtés, y compris à partir des opinions d’autrui.
D’un autre point de vue, et il me parait opportun de le dire, l’on ne critique que celui pour qui l’on porte une attention et non la moindre. Se laisser critiquer, objectivement, est donc la preuve que l’on s’exerce à l’épreuve de l’élévation de soi qui appartient, en vérité, aux grandes âmes aspirant profondément à marquer l’histoire de l’humanité par leur élégance et leur affranchissement du défi de l’égo qui pousse à la suffisance et à l’autosatisfaction.
En tout, le constat de Charles Kondi Agba est vrai, mais la cause est à rechercher dans les rangs de ceux qui ont cette haute, sacrée et même sacerdotale mission d’assumer le devenir de notre cher pays, le Togo par leur leadership. Ils doivent avoir le courage de libérer les énergies, d’accepter la pensée critique, car elle ne sert pas autre cause que l’alimentation de la pensée humaine, un don exceptionnel réservé à la seule espèce humaine.
Luc Abaki