Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, le patron du Groupement des forces spéciales de l’armée guinéenne, une unité d’élites, mieux organisée et équipée, destinée à réprimer les manifestants de l’opposition, a déposé le président Alpha Condé, réélu en fin d’année dernière pour un troisième mandat. Ce coup de force contre la démocratie est salué par une partie du peuple guinéen.
Au Togo, des opposants, réclamant l’alternance au sommet de l’Etat depuis plusieurs décennies, se sont prononcés sur ce qui se passe actuellement au pays de feu Sékou Touré.
Le parti Forces Démocratiques pour la République (FDR), dans un communiqué, souligne que ce coup d’Etat militaire « est la preuve qu’on ne peut pas défier éternellement Dieu ». Il intervient après que l’ancien opposant a modifié la Constitution de son pays pour s’offrir un « troisième mandat de trop », explique la formation politique dirigée par l’avocat Paul Dodzi Apévon, pour qui, « Il est désolant que des dirigeants, qui ont accédé au pouvoir après avoir subi les affres de la dictature et qui devraient saisir l’opportunité de leur mandat pour ancrer leur pays dans la démocratie et fortifier les institutions, deviennent pires que les dictateurs qu’ils avaient farouchement combattus ».
Les FDR fustigent également la position de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA) « qui n’ont pas levé le petit doigt pour secourir le peuple guinéen lorsqu’il était martyrisé par le dictateur, s’empressent de condamner le coup d’Etat et exiger le retour à l’ordre constitutionnel, faisant ainsi la preuve que l’ordre constitutionnel qu’elles sont promptes à défendre est celui imposé par la dictature et non celui que désirent ardemment les peuples ».
Presque même son de cloche au Parti des Togolais. En effet, selon son premier responsable, « Ce scénario se jouera encore sur le continent tant qu’il n’y aura pas d’autres choix de changement ».
A en croire Nathaniel Olympio, « Être heureux d’événements tristes est le dernier paradoxe qu’impose une dictature. Un coup d’Etat est en soi un événement triste qui peut procurer de la joie à un peuple », écrit-il sur son compte Twitter.
Au lendemain du putsch, le Lieutenant-Colonel Mamady Doumbouya a convoqué une réunion à laquelle ont participé les dignitaires du régime déchu, les présidents des institutions. Au cours de cette rencontre très scrutée par les observateurs, le nouvel homme fort de la Guinée assure qu’il sera mis en place un « gouvernement d’union nationale » tout en promettant qu’il n’y aurait pas de « chasses aux sorcières ». Le désormais ex-président Alpha Condé, 84 ans, est, rassure-t-il, gardé en lieu sûr.