Le nouveau président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita, s’est rendu hier à Accra pour prendre part au ”sommet extraordinaire de la Cedeao sur la situation au Mali” prévu aujourd’hui.
Ce matin, dans le Journal du Dimanche, l’agité de l’Elysée s’excite et “menace de retirer ses militaires s’il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition et si le Mali glisse vers l’islamisme radical.” Et d’ajouter qu’il “a passé le message aux chefs d’Etat de la Cedeao”, ses laquais.
Monsieur Macron, nous ne sommes pas Brigitte. Vous ne nous impressionnez pas avec vos gesticulations théâtrales. Ne menacez pas, ne mettez pas de condition, pas de “si”. Pour une fois, faites, et faites-le d’un coup sec, sans vaseline! Retirez votre armée d’occupation, plutôt aujourd’hui que demain! L’Afrique se porte mieux quand la France n’y est pas. Le contraire n’est, hélas pour vous, pas exact, mais vous devrez de toute façon vous y habituer, car on ne veut plus de vous chez nous.
Colonel, n’ayez aucun complexe lorsque vous serez autour de la table. Il y a très peu parmi eux qui peuvent vous faire la leçon. Ouattara, Condé et Gnassingbé sont des putschistes. Mais contrairement à vous, ils n’ont pas agi pour satisfaire la volonté de leur peuple, mais plutôt contre elle. Sall a plus de sang sur les mains que vous. Talon pourrait écrire l’abécédaire du dictateur. Akufo-Addo a entériné le coup d’Etat au Tchad et n’a donc rien à vous apprendre.
Comme on dit chez moi, cabri mort n’a pas peur de couteau. L’an dernier, alors que vous étiez déjà de passage à Accra, vous aviez été reçu en audience par Jerry John Rawlings. Hélas, aujourd’hui, il n’est plus de ce monde. Mais souvenez-vous de ses paroles, et surtout, ayez toujours son exemple dans votre esprit quand vous prendrez vos décisions: soyez courageux, patriote, intègre, humble, ferme, décomplexé, digne et toujours proche des populations.
Ce n’est pas en vous aplatissant devant l’Occident et ses toutous africains que vous gagnerez leur respect, la paix ou le progrès. C’est en les regardant droit dans les yeux et en agissant dans l’intérêt de votre peuple, car il n’y a pas d’armée plus puissante qu’un peuple uni et fier.
Puissiez vous être mieux inspiré que vos prédécesseurs.
Source : Nathalie Yamb