Des Dynasties sur un fleuve de sang à ce siècle autre en ses mœurs :La grande trouvaille française pour l’Afrique

Une mitraillade dans une foule de colonisés lui fait hausser les épaules ». Dans Portrait du colonisé précédé de celui du colonisateur, le professeur franco-algérien à la Sorbonne, Albert MEMMI dépeint la psychologie du crime enchâssée dans l’œuvreprétendumentcivilisatricedu colonisateur pour triompher des peuplades assiégées dont les richesses convoitées déterminent un écheveau de transgressions monstrueuses et de crimes sans nom.

L’aliénation à une mentalité de spoliation des peuples colonisés, même après la conquête de l’indépendance, n’a jamais connu un début d’exorcisme pour que les autorités françaises se débarrassent des clichés multiséculaires à la fanfare de leur narcissisme puant et de leur complexe nauséeux de supériorité. Elles tentent désespérément de retourner l’éveil irrésistible des Africains contre leur jeu de préséance pour maintenir leurs privilèges en qualifiant «d’anti- françaises » les réclamations de justice et de respect qui flambent dans la conscience noire ainsi que celle de toute l’Afrique.

Les tueries, les massacres des populations au Tchad illustrent la perversité de la mentalité française qui se passe toujours des droits des peuples,desnormesdel’éthique,des principes et des lois que nos républiques se donnent volontairement pour s’auto-gérer dans la concorde nationale. Des Tchadiens sont abattus dans les rues par une dynastie créée par la France et que ne tolère le peuple du Tchad malgré tous les rafistolages français d’une légitimité inexistante. Le Togo a été le premier terrain d’expérimentation dangereuse de la succession dynastique à la française en Afrique. La France n’en tire aucune leçon vraiment, malgré les huit-cent Togolais immolés au pied d’un prince fabriqué par le génie des faussetés françaises. La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme avait identifié 811 Togolais massacrés et l’ONU en dénombre un chiffre supérieur à cinq cent victimes.

Comment est-il encore possible pour la France de s’appliquer à étendre dans nos pays d’Afrique le jeu de mort par l’instauration des pouvoirs dynastiques sur le continentm ?

Quelle coalition africaine contre les dynasties et la France sur le continent pour préserver la liberté et ouvrir le jeu démocratique au bénéfice de nos populations ?

 

La tombe grandement creusée par la France pour engloutir les Tchadiens est profonde. Elle a encore happé deux quarantaines d’âmes malheureuses qui réclamaient la démocratie. Le regard détourné de l’Elysée sur les tueries au Tchad avec un semblant de condamnation trop légère par opposition au ton strident qu’elle adopte contre les morts ukrainiens nous montre qu’elle ignore que toutes les larmes sont salées qu’il s’agisse d’un noir, d’un blanc, d’un rouge ou d’un jaune. Pour la France, POUTINE sème la mort par l’occupation dont il est coupable.

Mais, l’occupation de la France est plus ancienne, plus véreuse, plus destructrice pour les pays d’Afrique qui ont accédé à leur souveraineté. La monnaie de toutes les ruines de l’économie de nos pays est un crime sur lequel elle élimine tous les résistants et les leaders africains qui proposent pour l’Afrique une perspective monétaire de substitution KADHAFI, Sylvanus OLYMPIO ont été assassinés pour leurs projets de création de monnaie.

Les bases militaires de contrôle et de pression sur nos pays témoignent aussi des symboles de l’occupation française en Afrique avec leurs opérations de conspiration contre la souveraineté de nos pays, comme par exemple, l’opération Barakuda en Centrafrique et plusieurs coups d’Etat sur le continent et des guerres civiles par procuration: Congo-Brazza, Côte-d’Ivoire, Biafra …

Nous n’avions pas douté un seul instant du devenir sombre du Tchad lors du déplacement de MACRON et de Jean-Yves LE DRIAN sous prétexte d’assister à l’inhumation de Idriss DEBY, parce que sur les Etats-comptoirs de la France, la mobilité socio-politique n’arrange pas le maître- colonisateur qui refuse de se désaliéner par rapport à son passé. Nous croyions à l’éclatement des monstruosités françaises au visage des Tchadiens. L’histoire des crimes de sang froid contre les populations dans ce pays nous donne raison. Le téléguidage des successions dynastiques en Afrique dont la France est à la manette n’accouche que des avortons politiques avec un

écheveau de criminalités qui lui «font hausser les épaules ». Les catacombes démocratiques creusées au Tchad par des fossoyeurs français répandent plus de malaise et de mal être dans la conscience collective des Tchadiens que nombre ‘d’observateurs, peut-être naïfs, l’auraient imaginé. De l’étouffement du père à la strangulation assistée du fils, les Tchadiens ne sortent pas de l’auberge lugubre du cantonnement à la française. L’armée française d’occupation a couvert militairement par des avions bombardiers la rébellion du père, DEBY pour rentrer dans N’Djaména et démloger HABRE. Toutes les dérives, les disparitions forcées, tous les crimes et assassinats sous DEBY (I) n’ont jamais heurté l’Elysée et l’histoire se répète avec DEBY II sous le parapluie atomique de l’Elysée.

L’expérience française au Togo est en marche par la force de propulsion des curiosités françaises. Elle s’échine à normaliser l’insoutenable dans les pays nègres, même à coups de massacres, sans le moindre frémissement humain à regénérer l’éthique politique des palais en vases communicants et à aiguillonnage dans la cellule africaine de l’Elysée. Le schéma est le même : la ruée dans les Etats-comptoirs qui perdent un chef de province dans une ignorance totale des termes de succession inscrits dans les constitutions et les massacres suivent pour taire toutes les velléités de protestation. Ensuite, vient l’enfumage de dialogue qui jamais ne résout aucun problème.

Enfin, les fréquentations de caution tentent de régulariser les chefs parias dans la banalisation des crimes de masse qui méprise la vie, sa valeur ainsi que tout le peuple noir. Au Gabon de BONGO, en RDC des KABILA, au GNASS-LAND, l’ingéniosité française des régimes dynastiques pilotée dans les cascades de sang fourvoie les régimes totalitaires du continent qui préparent, à la française, leur succession. En Guinée Equatoriale, des BRAZONGO et en Ouganda des Yoweri Museveni, l’esprit français de la dynastie en Afrique est au galop, dans une pathologie contagieuse qui, déjà, met en rage les populations de ces pays. Combien seront-elles à mourir sous le regard amusé de la France, Chantre des Droits Humains ?

Si la France feint de ne pas savoir ce qu’elle est en Afrique, les Africains eux ont une pleine consciencr de ce qu’elle est sur le continent et cela suffit amplement pour nous et les générations à venir. Simone WEIL a le mérite d’écrire dans Oppression et liberté : « Rien au monde ne peut empêcher l’homme de se sentir né pour la liberté. Jamais, quoi qu’il advienne, il ne peut accepter la servitude, car il pense ».

2) La riposte continentale en marche

Les simagrées de condamnation des tueries au Tchad martèlent la conscience patriotique non seulement des Tchadiens, mais également celle de tous les Africains qui lisent avec lucidité les avaries politiques et les ordonnances de transgressions mortelles qui foisonnent dans l’esprit tondu et tordu de la Françafrique que François Xavier VERSCHAVE qualifie du « plus grand scandale de la République ». Les parrainages véreux de l’Elysée n’impressionnent plus personne sur ce continent qui s’éclate de rages sonores et se détermine résolument pour affronter l’esprit pervers et incorrigible d’une France prompte à faire des victimes dans l’unique but de garder la main sur les palais d’Afrique.

Il faut baver d’inepties pour penser que ce jeune homme, placé de force dans le fauteuil de son père ait été préparé à la haute fonction de son parachutage français. Il vient de remettre à zéro le compteur de la transition dans un tourbillon de cirque qui n’émeut guère les donneurs de leçons aux yeux rivés sur le Mali, la Centrafrique, le Burkina.

L’autonomie de conscience noire se met à modeler la gouvernance dans les directives populaires avalisées intrinsèquement par une nouvelle émergence patriotique qui débarrasse l’Afrique des pieuvres aux tentacules de ponction des richesses de nos Républiques. Les prétextes, les alibis, les propagandes et les adversités de dénigrement des gouvernants qui régissent leurs pays au souffle de la puissance nationale ont des ripostes incisives sur les réseaux sociaux et dans nos langues maternelles et l’Afrique commence à échapper à l’étreinte des serres, des directeurs de conscience, des parrains aux crocs vampiriques

populations civiles n’ont de sources que dans les salons de l’Elysée. Cette certitude dans la situation du Tchad a son antécédent au Togo pour instruire très étroitement les Burkinabè sur le cas d’occupation française, maquillée par une armée d’élites des missions sombres comme, du reste, on s’en souvient au Rwanda, en Côte d’Ivoire, au Gabon, en Centrafrique…

La France est une République que les Africains ne supportent plus. Le dédain est partout cathédrale, diagonal et inextinguible dont les échos affleurent à Ouagadougou, dans un jet de lapidation répétitive qui met sous pression les symboles et les représentations français. Cet engagement de défiance populaire est aussi en effervescence au Mali, à Niamey, au Tchad, en Centrafrique et sous des formes larvées, prêtes aux éclats insurrectionnels à la moindre étincelle comme au Togo, en Côte d’Ivoire, au Congo- Brazza…

L’expérience du rejet de la France est surprenante dans nos écolesprimaires,dansnoscollègeset lycées, dans nos universités et grandes écoles, dans nos centres d’apprentissage, chez les salariés et les commerçants. Le phénomène est un enracinement profond que même l’équipe nationale de la France qui a une ossature africaine et des perles noires n’a que de soutien épars et mince dans nos pays. Dans un environnement de plus en plus hostile et vertement réprobateur, il est impossible à la France d’intégrer l’espérance collective des Africains.

La sortie terne et risible d’interdictions du territoire français à Nathalie YAMB, l’activiste des réseaux sociaux apparaît comme une grande décoration, parce que sa voix porte dans les coeurs noirs qui s’éveillent à la responsabilité.

La France ne peut pas continuer à couvrir des dictatures, à organiser des successions dynastiques, à torpiller le projet de création de monnaie en faveur de nos pays et s’attendre à lire dans nos yeux, quelque admiration. Jean-Paul SARTRE, depuis la guerre de l’Algérie, disait aux Français qu’ils ne peuvent vouloir la liberté pour eux sans la vouloir pour les autres. Il était la flamme d’une autre conscience de la France qui se répand encore aujourd’hui dans une certaine partie de l’ancienne puissance coloniale. Dans Les Séquestrés d’Altona, Jean- Paul SARTRE écrit à juste titre : « Je déteste les victimes quand elles respectent leurs bourreaux ».