Interview d’Elisabeth Apampa : « La musique togolaise a besoin de moyens, de mécénat »

Animatrice radio et télé, influenceuse, organisatrice d’évènements culturels et artistiques, les casquettes d’Elisabeth Apampa sont nombreuses. Devenue au fil des années l’une des voix respectées dans les milieux du Show-biz togolais cette femme de média a accepté répondre à quelques questions de Togoinfos sur elle, son parcours, la musique togolaise et ses défis, etc.

 

 

Qui est Elisabeth Apampa ?

Je suis Elisabeth Apampa, togolaise, femme de média, entrepreneure EADreams. Animatrice radio (Zéphyr FM) et télévision nationale (TVT) et j’ai mon émission web @EAiyawo dédiée aux femmes.

A la radio Zéphyr, j’ai deux émissions : ‘’Maximum’’ de lundi à vendredi, de 11h à 13h30, et ‘’Culture plus’’ qui passe tous les samedis à 11h. Je suis également la cheffe d’antenne et des programmes de la même radio. Je dirige le festival ‘’Ma Rue Ma Musique’’ qui, depuis 2017, est une référence en matière de promotion des artistes pour une scène live et dans la rue.

Je suis chargée à la communication d’All Music Awards, l’Award national de la musique au Togo, et directrice artistique du labelKabash qui fait la production, le beatmaking, la réalisation vidéo.

 

Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs votre parcours académique ?

J’ai fait la série G2. Après j’ai eu un BTS en action commerciale et force de vente en plus d’une Licence en relations publiques. Ensuite j’ai suivi des formations en gestion de projet, en communication digitale, entre autres.

 

Comment êtes-vous arrivée à la radio ?

C’est la musique qui m’a emmenée à la radio. Ma voix ayant intéressé des personnes qui sont du domaine, elles m’ont proposé de faire la télé ou la radio. Et j’ai opté pour la radio. Je suis passée de stagiaire au début à l’animatrice de plusieurs émissions aujourd’hui.

Vous êtes proche des milieux du Show biz togolais. Aujourd’hui, comment qualifierez-vous la musique togolaise ?

La musique togolaise est vaste et chaque composante a ses défis. La musique togolaise a des talents qui peuvent bien représenter le pays. Nous avons juste un problème de moyens financiers, on a besoin de mécénat, des gens qui seront réellement prêts à investir pour que cette musique s’impose. La politique artistique et culturelle doit sortir du cadre des discours pour des actions concrètes. Il nous faut un grand réseautage mondial. On doit avoir des Togolais, des acteurs qui maîtrisent tous les rouages, stratégies pour développer les carrières et il faut aussi un réel soutien du public qui va finalement vraiment écouter ce qui vient de chez nous et être prêt à payer la création, les œuvres de leurs artistes qu’ils aiment.

 

Les artistes ont aussi des défis à relever, notamment apprendre à chanter sur note et savoir faire des spectacles en live et non des récitals sur scène ; faire rêver, dévoiler des créations thématiques, être supers créatifs. Il y a plein de sujets à développer au-delà des soirées endiablées en club, au-delà des sujets liés à la femme (fesses, argent et autres) même si ses sujets peuvent être touchés autrement afin de facilement postuler à des financements internationaux. La musique togolaise face à la Covid-19. C’est aussi l’un des challenges. C’est en résumé ce que je pense.

Qu’est-ce que vous faites, à votre niveau, pour aider les artistes togolais à mieux s’exporter ?

Je reste étonnée que cette question se pose encore aujourd’hui. Je l’ai dit plus haut, c’est une question de moyens et de relations.Les Kollins, Tach Noir, Lauress, entre autres, ont essayé. Toofan, Almok, Elom 20ce, Peter Solo etc. le font. Santrinos aujourd’hui. C’est dire qu’on a des talents. Ce ne sont pas eux seuls de faire le travail, il faut un travail collectif. Nous avons des milliardaires dans ce pays, je leur file cette action par exemple : mettre une cagnotte comme le fait la Côte d’Ivoire, le Cameroun et autres pour acheter une plage 100% musique Togo sur Trace Africa ; sélectionner et financer des émissions web des influenceurs thématiques pour qu’on envahisse les réseaux sociaux dans l’optique de vanter nos talents.  Le coût de la connexion dans notre pays est à revoir si on veut rentrer dans la danse numérique… Mais bon, chaque acteur fait des efforts. Et aujourd’hui au-delà des indépendants qui travaillent, on a des organisations, une synergie d’acteurs qui veulent aller ensemble de l’avant. Force à tous. Pour ma part, les artistes savent que je fais ce que je peux à mon niveau pour les soutenir. Je m’investis vraiment en communiquant sur eux. Je travaille avec eux de façon bénévole si je suis convaincue qu’ils font du bon travail. J’organise des événements pour les promouvoir, et recommande ceux que je peux sur des projets. On fera plus, tant qu’on sera en vie.

Vous êtes également ce qu’on appelle aujourd’hui une influenceuse. Qui sont vos admirateurs et vos détracteurs sur la toile ?

Dans la vie de tous les jours, nous sommes aimés ou moins appréciés sur des faits précis. Et on ne peut pas plaire à tout le monde mais l’essentiel pour moi est d’être vraie, honnête avec mes followers. Je pense que ma vie d’influenceuse est super bien adorée. J’ai une belle communauté et elle m’aide même à aller encore plus loin dans mes initiatives. Je vais dans les villages faire des dons, je crée beaucoup de concepts pour soutenir les jeunes talents à travers aujourd’hui ma page The EA Show et ma page officielle. Je pense que ça va. Quand on est connu, tout le monde a envie de te juger. Mais quand on connaît sa ligne éditoriale, on évite de répondre à toutes les critiques, à toutes les personnes qui vont vouloir vous salir pour avoir de la visibilité. Je reste concentrée.

Propos recueillis par Fabrice Kossivi