Rassurez-vous, hier dimanche, tout le monde était là, présent sur le site de la Plateforme Industrielle d’Adeticopé. Les autorités administratives, les membres du gouvernement, la PA et la PM, le tout couronné par le chef de l’État, impressionnant bien habillé.
L’événement est de taille et se tient à plus forte raison le jour même où son étoile a germé au firmament et son corps parmi les humains.
Il a peut-être fêté un peu dans la soirée, mais avant, en cours de journée, il a tenu à présider personnellement la cérémonie de pose de la première pierre de deux usines du textile dans le cadre du vaste projet de la Plateforme Industrielle d’Adeticopé (PIA) qui va s’étendre sur 1000 hectares avec un investissement cumulé de l’ordre de 1 milliard de dollars.
Le chiffre fait sans doute trembler le togolais qui parle rarement en millions de CFA, mais il est à la hauteur des ambitions savamment nourries par nos officiels en partenariat avec le groupe indien ARISE.
25 mille emplois formés et recrutés d’ici 2024, et 30 mille à l’horizon 2025, augmentation de la productivité agricole, amélioration des revenus des acteurs économiques, transformation effective de nos produits locaux tels que le sodja, le coton etc.
Le résultat attendu, au moins 1 milliard de dollars d’exportation de produits finis par an, ce qui contraste clairement avec le niveau actuel des exportations du pays qui ne dépassent pas la barre des 75 millions de dollars l’année.
Voilà pourquoi, dans son propos, Mme le Premier Ministre Victoire Dogbé a dit qu’ils sont « témoins d’une révolution moderne »bien sûr du Togo qui n’est que la matérialisation d’une ambition toujours nourrie tel un feu intérieur par le Chef de l’État, celle qui consiste » à apporter un changement significatif dans la vie des populations « .
Seulement voilà, dans ce vaste et ambitieux projet qui objecte aussi de fabriquer des motos électriques et bien d’autres produits à partir de Lomé, l’État n’aura que 35% contre 65% pour le groupe ARISE, naturellement les dividendes seront aussi partagés selon ce quota sauf que pour l’essentiel, la main d’œuvre de base, les ouvriers, les manœuvres et autres seront principalement recrutés parmi la jeunesse togolaise. Ce qui n’est pas un petit avantage au regard du chômage ambiant qui a pactisé avec la vie de l’écrasante majorité des diplômés dans le pays.
Au-delà de tout, reconnaissons d’emblée qu’en termes de projets lourds, d’idées fortes et d’initiatives, nos dirigeants ont souvent fait preuve de fertilité et d’inventivité. L’on citera en exemple, le projet de la Zone Franche qui, lui aussi, était lancé en très grande pompe au Togo dans les années 1990, mais qui, au bout, s’est révélé être un fiasco, en tout cas en ce qui concerne la création d’emplois et de richesse pour le pays.
Dans le domaine du textile, l’usine de Datcha et Togotex de Kara tombées désormais en ruine, réapparaissent à notre esprit et questionnent notre capacité à tenir nos projets dans le temps.
Cela dit, hier n’est jamais aujourd’hui et les contextes, évidemment, ne sont non plus les mêmes.
Étant entendu que l’espoir fait vivre, nous aurions tort de ne pas espérer une issue heureuse pour ce projet en lequel nos autorités d’aujourd’hui ont tant foi pour révolutionner notre économie et la relancer à partir des piliers solidement enfoncés dans la production et la transformation.
Vivons donc par la foi et attendons les trois ou quatre années à venir pour établir le bilan !
Luc Abaki