Matthew Antwi est transporteur et travaille pour une entreprise nigériane exportatrice de noix de coco. Il emprunte régulièrement la route Lomé-Cotonou pour se rendre au Nigeria, depuis son pays le Ghana, pour la livraison des noix.
« Il y a quelques années, il fallait environ deux heures pour remplir toutes les formalités à la frontière et jusqu’à trois heures pour se rendre à Aflao (à la frontière Togo-Ghana) depuis le poste-frontière Bénin-Togo. Cela était dû au mauvais état du tronçon routier Lomé-Cotonou », se remémore le conducteur, assis dans la cabine de sa remorque. « Mais depuis sa réhabilitation, cela prend entre une et deux heures. C’est mieux pour moi, je perds moins de temps et, avec l’éclairage de nuit, je suis plus serein lors de mes trajets nocturnes ».
Émile Elavagnon est menuisier dans la commune de Togokomè, au Togo, desservie par le tronçon Avépozo-Aného. Lui aussi a une histoire avec cette route : « Lorsque les travaux routiers ont débuté, nous avons dû dégager la voie, ce qui nous a fait perdre de nombreux clients. Mais depuis que la route est praticable, nous avons constaté de réels changements positifs », sourit-il avant d’ajouter : « Désormais, nous avons plus de clients qui viennent du Bénin et du Ghana, et nous avons beaucoup plus de visibilité. La durée des livraisons est réduite, car la route est meilleure. Alors que nos livraisons à Lomé nous prenaient une heure, elles se font désormais en moins de 45 minutes maximum », se réjouit M. Elavagnon.
Matthew et Émile font partie des nombreux bénéficiaires de la deuxième phase du Projet de réhabilitation de la route Lomé-Cotonou et de protection côtière . Ce projet, cofinancé par la Banque africaine de développement, l’Union européenne, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque islamique de développement (BID) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), est un vecteur du développement, d’intégration régionale et d’amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires.
D’un coût total de 194,89 millions de dollars américains, le projet est financé pour 39,47 millions de dollars par le Groupe de la Banque africaine de développement – en prêts et dons du Fonds africain de développement et de la Facilité d’appui à la transition -, d’un don de 19,48 millions de dollars de l’Union européenne et des contributions sous forme de prêts ou de dons de la BOAD, de la BID et du FEM.
Des travaux connexes à la réhabilitation de la route ont permis de rénover le centre médical et social d’Agbodrafo et le lycée d’Aného (Togo) au grand bonheur des populations. Ainsi, en plus de l’amélioration des conditions de voyage des transporteurs et usagers, le projet permet d’améliorer le quotidien des populations riveraines.
Youmane Fernando Loagui, chef de laboratoire au centre médico-social d’Agbodrafo, fait le constat : « Avec les travaux de rénovation du centre médical, le personnel travaille désormais dans de meilleures conditions et l’accueil ainsi que les soins des patients sont bien meilleurs. Les équipements et produits pharmaceutiques sont stockés en toute sécurité », explique-t-il et de poursuivre : « L’espace est maintenant plus grand, les patients sont plus à l’aise et leur intimité est respectée. Nous nous souvenons encore de leurs plaintes relatives à l’exiguïté des lieux. Le maintien de la confidentialité était un grand défi pour nous, en particulier en ce qui concerne les patients vivant avec le VIH/sida, car ils souhaitent souvent préserver leur anonymat. Tout cela appartient maintenant au passé ».
La réfection du laboratoire d’Agbodrafo attire davantage de monde et il est désormais réputé comme l’un des meilleurs dans la zone du projet.
« Nous réalisons l’impact positif que les infrastructures peuvent avoir sur les conditions de vie des riverains. Avec la rénovation de la route, nos affaires marchent bien, nos conditions de vie se sont améliorées et c’est réellement motivant », se réjouit M. Elavagnon.
Projet phare au Togo dans le secteur des infrastructures, le Projet de réhabilitation de la route Lomé-Cotonou (Phase 2) et de protection côtière s’aligne sur deux des cinq priorités stratégiques de la Banque « intégrer l’Afrique » et « améliorer la qualité de vie des populations en Afrique ». Il contribue ainsi à améliorer le niveau de service de la chaîne logistique de transport et la fluidifié du trafic sur le corridor Abidjan‑Lagos ainsi que les conditions de vie des populations dans la zone d’intervention du projet. Il renforce aussi la résilience climatique des infrastructures en zone côtière au Togo et au Bénin. Il bénéficie également directement aux usagers de transport et indirectement à 1,7 million de personnes dans les deux pays.