La TVM, quelle appréciation faites-vous de cette décision?
Moise Gnofam Mani : Cette décision suscite en nous deux appréciations. La première est que le budget national se nourrit toujours et avant tout des impôts et taxes. On ne peut donc pas empêcher l’Etat de lever des impôts et taxes afin de satisfaire à nos besoins collectifs qui de nos jours, avouons le, sont immenses, surtout qu’il y a des charges colossales liées au covid-19 à supporter. La TVM est donc légalement justifiée. Néanmoins, et c’est notre seconde et plus importante appréciation, nous pensons que cette taxe est inopportune en ce
moment. D’abord parce qu’elle procède du « rançonnage » de victimes de la crise sanitaire venue
aggraver la crise sociale que nous vivons, et qui est plus ressentie chez les couches les plus vulnérables. Celles-ci ont aujourd’hui beaucoup besoin d’une aide de l’Etat plutôt que d’être obligées de payer une taxe comme la TVM et ceci, en un seul coup lors des visites techniques qui, d’ordinaire, engagent des frais. Le gouvernement gagnerait plus de milliards en réduisant le train de vie de l’Etat, en s’attaquant de manière ferme et sincère à la corruption, aux détournements de deniers publics etc., plutôt que de miser sur cette taxe ainsi que celle de l’augmentation des frais de péages.
Croyez-vous que cette décision peut avoir une incidence sur le climat social?
La question ne devrait même pas se poser. En réalité tout le monde sait que trop d’impôt tue l’impôt, encore plus en situation de crise. Oui pour l’élargissement de l’assiette fiscale mais pour atteindre l’objectif escompté, on pourrait aussi viser la réduction d’autres taxes notamment pour stimuler la production et un sincère recouvrement des taxes chez tous les assujettis. En effet, j’ai la
faiblesse de croire que tout le monde ne paye pas même chose au même plafond selon qu’on soit
riche ou misérable dans notre pays. La reddition fidèle des comptes étant déjà un autre problème
pour nous.
Si vous en aviez l’opportunité, qu’auriez-vous conseillé à l’Etat en pareille circonstance?
Conseiller les gouvernants, je n’en ai pas qualité, mais si j’étais à leur place, j’opterais pour une mise en œuvre graduelle des mesures qui visent les assujettis en cette période de crise sanitaire, si tant est que je ne puis les suspendre. Les intentions sont indubitablement bonnes, mais l’opportunité est sujette à caution.
Quel message adressez-vous aux contribuables?
Que chacun développe ou innove sa capacité de résilience. Il faut peut-être pour les travailleurs, opter pour le covoiturage afin de réduire les charges liées à la fois au carburant qu’aux frais de péage.
Source:RTF
