Il s’agrandit jour après jour, le nombre de compatriotes jeunes et adultes qui ne voudraient plus jamais y retourner, quand ils n’y vivent plus, ou qui rêvent de le quitter définitivement.Car il est désormais impossible, quand on décide de vivre avec un peu de fierté et de dignité, de ne pas avoir la tête perpétuellement baissée sous la peur et la méfiance, il devenu impossible de vivre au Togo sans avoir accepté de se transformer en zombie.
Je connais la détermination de Ferdinand Ayite avec qui, souvent, je passe de longs moments au téléphone dans nos discussions sur le Togo. Il est arrivé à une étape de sa vie où plus rien ne réussira à l’intimider. Parce qu’il est convaincu d’avoir atteint un point de non retour dans son refus de toute compromission morale avec les geôliers du Togo.
Et il s’est toujours préparé à des étapes comme celle qu’il traverse depuis hier.
Mais qu’on soit d’accord sur un point: ce petit nombre de Togolais qui ont juré de transformer la vie de leurs compatriotes en enfer ne liront pas l’oraison funèbre du Togo entier. Ils n’arriveront pas à bout de tous les Togolais. Parce que ce peuple survivra à toutes leurs atrocités et décidera, quand ils auront terminé leur lugubre parcours ici-bas, de cracher sur leurs tombes ou de leur pardonner.
A tous les compatriotes qui ont pris la décision de ne plus jamais mettre pied au Togo parce qu’ils ont jugé qu’ils ne peuvent plus aimer ce pays, je n’ai qu’un mot: vous vous trompez, mes frères.
Le Togo n’a point besoin que les Togolais l’aiment. Il n’a même pas besoin que les Togolais s’aiment entre eux. Tout ce qui sauvera ce pays: c’est que chaque Togolais s’aime soi-même. Car c’est seulement en s’aimant qu’on peut comprendre qu’on ne doit pas laisser le pays de ses pères dans l’état où il est actuellement. Où penser tue. Donner son opinion mène en prison. S’exprimer condamne à la torture. Affirmer sa liberté envoie en exil.
Source : David Kpelly