Le titre est un peu provocateur. Bien sûr que je compatis pour les 6 millions de victimes des guerres du Congo depuis 30 ans. C’est une évidence. Mais depuis 2 jours, les troupes du m23, soutenus selon plusieurs sources par 3000 militaires Rwandais, sont entrées dans la ville de Goma, second centre urbain de la Rdc, avec 2 millions d’habitants.
C’est pour cette avancée militaire que je refuse de dire que je suis Goma.
Je refuse de rentrer dans cette hystérie compassionnelle parce qu’il n’existe aucun cauchemar dans lequel le Rwanda peut menacer la Rdc. Regardez la carte que j’ai postée, en superficie, c’est 26.340 km² pour le Rwanda contre 2.344.860 km² pour la rdc, soit 1%. Comment 1% peut menacer 99%. En population, la différence est aussi abyssale:13.954.000 hbt pour le Rwanda et 105.790.000 pour la Rdc. Malgré une forte densité, le Rwanda ne fait fait que 10% de la population de la Rdc. Même sur le plan des richesses, la Rwanda est très loin derrière.13 milliards d’euros de pib pour le Rwanda contre 61 milliards pour la rdc. Aucune comparaison possible. C’est le géant contre le nain.
Même sur le plan de la défense, voyons un peu les données militaires les plus récentes des deux pays. Le Rwanda a une armée d’environ 35 000 hommes alors que celle de la RDC en compte plus du quintuple, soit 166 580 hommes actifs, 31 000 réservistes et 10 000 paramilitaires. En termes de matériels militaires, la RDC peut se targuer d’avoir 32 hélicoptères, dont 8 de combats, 105 chars, 916 véhicules blindés, 8 unités d’artillerie automotrice, 25 lance-roquettes, 16 navires de guerre. Selon le classement effectué en 2025 par le site américain de défense Global FirePower (GFP), la RDC a la 8e armée la plus puissante du continent. Le Rwanda n’est même pas classé.
Voilà une partie des raisons pour lesquelles je refuse d’être Goma aujourd’hui. J’ai passé des heures à regarder les vidéos sur tiktok des deux armées. D’un côté, on a les FARDC, qui se présentent plus en armée de Bourbaki. On y voit peu de discipline, les uniformes sont dépenaillés, le commandement est presque absent, les équipements sont vétustes (j’ai vu des t55, vous imaginez, des t55) . Les unités tactiques sont absentes (je n’ai vu aucune troupe manœuvrer en section ou en compagnie) aucune coordination de la communication au niveau régimentaire ou divisionnaire. Les Gv se permettent de faire de tiktok là où en face, les soldats du m23 avancent en colonne par deux le long de routes, paraissent disciplinés, sont plutôt correctement habillés et aussi bien armés. La communication régimentaire est laissé à des officiers qui semblent maîtriser leur affaire.
Résultat, on voit des troupes du M23 être acclamées par le population à leur entrée dans la ville, alors que ces mêmes populations se plaindraient des pillages des militaires gouvernementaux. C’est peut être de la propagande, mais elle réussit plutôt.
De mon point de vue, si Goma tombe, Kinshasa finira par tomber et ça peut aller très vite. C’est comme en 1940 en France. Quand le front est percé, le reste s’écroule comme un château de cartes.
Est-ce perdu ? Non. Quelle sont les solutions?
La première c’est faire comme staline à stalingrad en 1941. Plus un pas en arrière. Donc faire jouer les pelotons d’exécution. C’est radical mais c’est la guerre et ça marche. Les déserteurs, au poteau. Quiconque quitte son poste sans ordre, feu. Il faut stabiliser le front.
La seconde, c’est de reprendre l’initiative. Le président Félix Tshisekedi a de qui s’inspirer. De 2021 à 2022, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, alors que la capitale éthiopienne était menacée par des rebelles du Tigré lourdement armés, a pris le tete de la riposte, a équipé son armée en matériel de pointe, et a gagné la guerre. Et tout ça est possible parce que le Congo est riche. Mais son président n’est pas un militaire. Pour le moment, il se contente d’imprécations dignes d’un roquet prétentieux. Et Kagamé en rit. Ou alors il faut trouver un général à la poigne de fer, un Rommel ou un Montgomery des temps modernes. J’ai bien peur qu’il ne soit tard.
La troisième solution, ce sont les mercenaires. Mobutu en utilisait à son temps. Les mercenaires ont deux défauts: ils coûtent chers et ne tiennent pas le terrain. Donc il peuvent mener de puissantes contre offensives, après, il faut que l’infanterie tienne le terrain. Pas branlé du tout.
En conclusion, on risque de participer à une marche victorieuse du m23 comme il y a quelques années, les Kabila l’ont fait. C’est même peut être trop tard. En vérité, ce n’est pas le m23 qui est fort (15000 combattants maximum avec peut être 3000 militaires Rwandais). En face, il y’a 100 000 hommes de la 8ème armée africaine. Normalement il n’ya pas débat et c’est pourtant la rdc qui se plaint du Rwanda. Ailleurs, c’est plutôt une telle armée qui devrait menacer d’envahir le Rwanda en une journée. Et c’est pourtant le contraire qui se produit. Incompréhensible.
Voilà pourquoi je ne suis pas Goma. La 8ème armée doit régler le problème toute seule, comme une grande, et non pleurnicher.
Aujourd’hui que je n’ai plus aucune revendication politique, je peux donc parler librement, avec la franchise que vous me connaissez.
Que pensez-vous de la situation, et de mes solutions?
Faisons les analyses militaires vivants.
Gerry
