Cancer du sein

Santé dans les couples togolais : Le cancer du sein, un tueur silencieux

Il transforme la vie de nombre de femmes en véritable cauchemar. Le cancer du sein, le plus fréquent et dangereux des cancers féminins est en constante évolution en Afrique. Au Togo, faute de moyens financiers et d’informations, plusieurs mères de famille succombent à cette maladie. Comment vivent les femmes atteintes du cancer du sein au Togo ? Reportage.

Pendant que nous réalisons cet article, le téléphone de Stéphane Awity, président de l’association « espérance vie nouvelle » qui nous reçoit, ne cesse de sonner. Au bout du fil, des patientes atteintes du cancer du sein. Alors, pour nous montrer le calvaire que vivent ces dernières, il met son téléphone sur « mode haut-parleur ».Les témoignages livrés sont très touchants. « Je n’arrive pas à dormir ; je ressens beaucoup de douleurs », décrit une patiente au bout de fil, avec beaucoup de peine. Des témoignages similaires et plus poignants comme celui d’Adjovi vont nous être servis par Stéphane Awity, responsable « d’Espérance vie nouvelle », une association qui lutte contre le cancer du sein au Togo. Adjovi, commerçante de son état, la quarantaine ; lorsqu’elle réalise qu’elle est atteinte du cancer du sein, elle décide de se rendre à l’hôpital pour effectuer une chimiothérapie (traitement administré par voie de perfusion ou par voie orale et qui consiste à tuer les cellules cancéreuses de la tumeur). Son espoir de guérison va s’effriter à cause du coût très élevé du traitement : 3millions de FCFA. Adjovi ne peut pas s’offrir ce luxe. En bonne Africaine, elle commet l’imparable en essayant de trouver la solution à son problème auprès des divinités, parce que ne possédant à peine que le tiers du montant nécessaire pour les soins (900.000 FCFA). La suite va être désastreuse. Elle rendra l’âme quelques mois plus tard ; vu que les cellules cancéreuses se sont répandues dans tout son organisme.

                                                          Un traitement onéreux

Le cancer du sein, nombre de couples togolais ne veut pas en entendre parler pour deux raisons. La première, c’est que quand elle a atteint un stade avancé, les époux finissent veufs dans la majeure partie des cas ; et la seconde est que son traitement est onéreux. Une patiente anonyme atteinte de cette maladie a accepté nous montrer, volontiers, l’ordonnance à elle prescrite par son médecin. Pour une séance de chimiothérapie, il lui faut acheter (2) deux flacons de 20 mg de à 55.685 FCFA et un flacon de 80 mg de taxotere à 159.130 FCFA ; puis le zenoda (comprimés) à 272.265fcfa. Ces produits sont estimés à 542.765 fcfa au total. Cette somme devra être déboursée tous les 21 jours. Jusqu’à la fin du traitement qui dure des fois 5 ans. A ces frais viennent s’ajouter ceux du dépistage qui sont compris entre 17.000 et 30.000 fcfa. Malgré le nombre de plus en plus élevé de victimes du cancer du sein au Togo, les autorités togolaises ne semblent pas, visiblement, se préoccuper du problème. Jusqu’à présent, aucune mesure ne semble être prise pour endiguer ce phénomène. Pour prétendre à une éventuelle guérison ou anéantissement des cellules cancéreuses, les patients ont recours à (4) quatre traitements : la chirurgie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie -administration des hormones de synthèse au patient- et la radiothérapie qui consiste à envoyer des rayons pour détruire les cellules cancéreuses. Ce dernier traitement n’existe plus au Togo depuis les années90. La machine destinée à ce soin étant en piteux état. En attendant que le gouvernement s’intéresse de plus près à la question, les victimes manquent non seulement de moyens pour leur traitement, mais aussi des informations sur la maladie.

 La maladie méconnue

Dans les régions les plus reculées de Lomé à l’instar des régions Centrale, des Savanes, la sensibilisation n’est pas encore à l’ordre du jour. L’histoire de Solim, 41 ans, cultivatrice, en est une illustration. Entre activités champêtre et domestique, elle menait une vie paisible jusqu’ au jour ou ses seins ont commencé à prendre du volume. Pour elle, cette situation n’est que passagère. Elle osait même ironiser sur la maladie : « Ce n’est pas grand-chose ; c’est sûrement l’hernie que les hommes ont souvent que j’aie sur la poitrine ». Elle ne savait pas de quoi elle souffrait au juste. Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres.
Au regard de l’état de son sein gauche, Solim doit obligatoirement subir une ablation sein pour être sauvée. « Mais depuis qu’elle a appris cette nouvelle, elle est injoignable », apprends-t-on auprès de Dr Stéphane Awity qui suit cette dame comme d’autres femmes atteintes du mal identique. Selon les confidences de ce médecin, il n’est pas facile pour ces femmes malades de vivre avec leur maladie. Certaines d’entre elles, ayant perdu tout espoir, ont même tenté de mettre fin à leur vie. Mais cela n’a pas pu avoir lieu grâce à l’aide médicale et psychologique qui leur est apportée par des médecins sensibles à leur cause. Ces médecins, à travers des thérapies de groupe par la parole, permettent à ces femmes d’échanger entre elles sur leur maladie. Ceci pour leur permettre de vivre positivement. Même si certaines d’entre elles savent que leurs jours sont désormais comptés.

   Les facteurs de risque du cancer du sein

Les médecins ne parlent pas en termes de « causes » mais « des facteurs risque » pour essayer d’expliquer l’origine de cette maladie. Selon les spécialistes, ces facteurs de risque sont entre autres : le risque familial (le cancer survenant avant 50 ans chez la mère ou une sœur multiplie par 2 le risque de faire un cancer de sein), une longue vie génitale (menstruations précoces avant l’âge de 12 ans, ménopause tardive), le surpoids ou l’obésité, l’alimentation riche en graisse animale et le traitement hormonal substitutif de la ménopause.
N’étant pas en mesure de déterminer facilement ces facteurs, les femmes devront opter pour la prévention. En se soumettant à l’examen annuel chez un médecin, l’auto-examen mensuel des seins ou encore la mammographie. Il est à noter que plus de 85% des grosseurs décelées dans le sein sont bénignes. Cependant, tout signe suspect devra impérativement faire l’objet d’un examen médical.