Faisant preuve d’une violence inouïe lors de cette interpellation, la seule question qui lui a été posée par les gendarmes qui se sont introduits dans son domicile est celle-ci : « Où est Kabila ? » Sans même lui avoir laissé le temps de répondre, ils lui infligent une gifle et, après l’avoir encerclé à plus d’une dizaine d’agents, l’un d’entre eux, un Capitaine de l’USIG, lui vaporise directement de près, en plein visage, le jet d’une bouteille de gaz lacrymogène qui, lui faisant extrêmement mal, l’aveugle complètement. Ils profitent alors de sa détresse pour le jeter à terre, le tabasser, puis le menottent.
En réalité, ALLES Atti connaissait ce nommé Kabila mais sous le nom de Kabirou et après qu’il lui ait été décrit, il comprend qu’il s’agit de cet ami avec qui il était dans une cafeteria près de la station Shell à AGOE, en face de la banque UTB, où il est immédiatement conduit. Mais, à leur approche de l’endroit, son ami Kabirou qui les a vus venir de loin a disparu en un clin d’œil, comme s’il connaissait ceux qui se dirigeaient vers lui en sa compagnie. N’ayant donc pas pu se saisir de son ami, les agents s’attaquent alors à lui, le passent à tabac avant de l’enlever, l’embarquant en le jetant dans leur voiture et prennent la direction du SCRIC à Agoè-Cacaveli.
Arrivé là-bas, un calvaire qu’on peut difficilement raconter s’abat sur lui : dans les mains des éléments du SCRIC, il est si bestialement frappé que même un animal sauvage aurait été mieux traité.
Ce n’est seulement qu’au quatrième jour de sa détention au SCRIC que sa femme et ses enfants ont su qu’il a été enlevé par la gendarmerie lorsque, conduit à son domicile pour une perquisition, sa famille l’a furtivement revu, sans pouvoir le voir à nouveau depuis lors. Ce jour-là, sa fille benjamine courait pour l’embrasser quand un agent l’a si violemment repoussé en criant sur elle qu’elle est tombée. A la fouille de son domicile, ce n’est qu’un tricot du PNP et un foulard, trouvés dans son armoire, qu’on exhibe comme un corps de délit.
De retour au SCRIC, on lui fait signer, sous de vives menaces, certains documents sans lui permettre d’en lire le contenu.Pendant 27 jours, on le trimbale tour à tour dans 5 cellules, sans visite ni soins médicaux, sans même lui permettre de se brosser les dents, ni lui donner un simple cure-dents pour son hygiène buccale, alors qu’il a eu à souffrir de paludisme et de maux d’yeux. Après que les 16 personnes qu’ils sont au total à être incarcérés dans l’Affaire GOMA Abdoul Aziz aient été arrêtés et détenus pendant les 27 jours au SCRIC à Agoè-Cacaveli, ils ont été transférés dans cette villa dans l’enceinte de l’ancienne direction de la Gendarmerie nationale où ils ont été cachés car constamment enfermés dans le noir.
Ensuite transférés à la Prison civile de Lomé pour un temps, ils sont à nouveau ramenés à la Gendarmerie nationale où ils sont au total 60 détenus politiques et 11 autres détenus pour d’autres affaires à être enfermés dans la villa-prison où ils étaient auparavant détenus.
Privé de soleil, toujours enfermé avec ses 15 autres codétenus dans cette villa sans avoir de contact avec la nature, ALLES Atti souffre actuellement de sérieux maux d’yeux, du bras droit et de la colonne vertébrale. Suite à une consultation qui lui a été faite au CHU-Tokoin il y a de cela 2 mois, on le déclare malade, souffrant d’hypertension artérielle pour laquelle lui ont été prescrites des analyses en cours de réalisation pour en déterminer la cause, la gravité et les traitements appropriés à prendre.
Sa fille benjamine sur laquelle le gendarme avait crié et jeté au sol lors de son arrestation-enlèvement à domicile est décédée de chagrin entretemps, après avoir réclamé en vain pendant des mois son papa qui n’a pas été autorisé à assister à son inhumation dans la terre togolaise qu’on ne peut que lui souhaiter légère…
ALLES Atti à qui il reste encore 6 enfants est toujours actuellement détenu dans la villa où sont incarcérés les prisonniers politiques au sein de l’ancienne direction générale de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD, sur les ordres d’une « Justice » totalement instrumentalisée par le pouvoir togolais auquel elle est inféodée. Dans la perspective de la parodie de procès qui se prépare, lui ont été collés par cette « Justice » aux ordres, les 4 rocambolesques chefs d’accusation suivants : troubles aggravés à l’ordre public, destructions volontaires, groupement de malfaiteurs et atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.
Parce qu’il a été sauvagement torturé et a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de sa détention comme les 15 autres prisonniers politiques de l’Affaire GOMA Abdoul-Aziz, ALLES Atti doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.
Source: Claude Ameganvi