TOGO/Ancienne Gendarmerie nationale : Un préavis d’une semaine donné à tous les occupants qui squattent toujours les locaux

 

• Le domaine serait-il effectivement vendu aux Saoudiens ?

Il fallait bien que ça arrive un jour. Selon les informations en notre possession, ceux des gendarmes n’ayant pas encore obtempéré à l’injonction de vider les bâtiments du camp de la Gendarmerie nationale sont priés de le faire dans une semaine au plus. Un préavis vient de leur être signifié. La problématique de l’usage de ce vaste espace donné en donation par la communauté Bè au Gouvernement au temps de Sylvanus Olympio pour en faire un bien d’usage public s’invite à nouveau.

Les gendarmes qui n’ont pas encore vidé de corps et de biens les bâtiments du camp de la Gendarmerie nationale sis en face du siège de la BIDC viennent de recevoir un préavis dans ce sens. Et pas n’importe quel préavis.

D’abord un mois, puis une semaine pour libérer les lieux ?
Selon des sources renseignées, c’est d’abord Faure Gnassingbé qui a donné un mois de préavis « à tous les gendarmes logés dans l’ancien camp de la Gendarmerie nationale togolaise pour libérer le camp ». Aucun motif n’explique cette prise de décision que des gendarmes concernés qualifient de « subite ». Mais pour ajouter au malaise dans les rangs des concernés, on apprend que le nouveau Directeur général de la Gendarmerie, le Colonel Amana vient de leur signifier qu’ils disposent d’une semaine de préavis pour s’exécuter. Et dans les rangs des concernés, c’est le désarroi.
« Comment feront les gendarmes étant en mission avant cette prise de décision ? Comment feront les élèves du cours primaire de l’école du camp de la Gendarmerie ? Comment ? Comment ? », se demandent certains. Comme s’ils venaient d’être surpris. Ce qui n’est pas tout à fait exact.
Il y a longtemps que le camp des gendarmes a été délocalisé vers le nouveau siège situé derrière la Cour d’appel de Lomé, un espace anciennement occupé par l’entreprise CECO BTP. Mais vivre au sein de l’ancien camp exemptait les occupants de payer le loyer, les frais d’électricité et d’eau. Une situation qui arrangeait nombre de récalcitrants. C’est ainsi qu’ils quittent l’ancien camp pour se rendre au service derrière la Cour d’appel. Et leurs femmes usent et abusent du courant et l’eau sans compter. Sur le dos du contribuable. Aux préoccupations des uns et des autres, un gendarme ayant déjà trouvé un local en ville se demande ce que feraient les mécontents du préavis s’ils avaient reçu une affectation vers l’intérieur du pays et que leurs enfants élèves devraient aussi les suivre.

Quel usage veut-on faire de l’ancien emplacement ?
Même si la hiérarchie venait à être informée de l’usage que les autorités comptent faire du vaste domaine concédé par la communauté Bè, pas certains que les langues se délient. Sujet sensible peut-être.
Selon les confidences, « depuis 2016, le camp de la Gendarmerie nationale aurait été vendu aux Saoudiens. Ces derniers veulent construire une cité semblable à celle de la résidence du Bénin sise en face de l’Université de Lomé. Mais quand les natifs de Bè qui sont les propriétaires des lieux ont eu l’information, ils se sont opposés à la vente réalisée sans leurs avis et consentement. Ils ont fait savoir que le domaine n’a pas été vendu à l’État ; ils ont juste prêté les terrains à Sylvanus Olympio à l’époque pour en faire un camp ».
Si cette version est avérée, alors se posera un réel problème entre la communauté Bè et le gouvernement actuel.
En effet, il est loisible d’entendre dire par exemple que le CHU Sylvanus Olympio et d’autres domaines ont été concédés à l’Etat togolais pour qu’il en fasse des lieux d’utilité publique devant bénéficier à l’ensemble des Togolais. Mais utiliser ces lieux à but lucratif et privé pourrait créer des frustrations chez les vrais propriétaires terriens. Puisque ceux-ci pourraient brandir la violation des accords passés par l’Etat togolais et revendiquer la rétrocession de leur bien immeuble qu’ils pourront vendre à leur guise et au prix qui leur semblerait plus avantageux. Un don pour un usage public ne saurait être transformé par le bénéficiaire en un usage privé et lucratif.

Godson K.

Liberté N°3497 du Mercredi 27 Octobre 2021