Togo: de quoi Kadodo de Dodji Efoui est-il le nom ?

Dodji Efoui est un phénomène, un artiste protéiforme, un touche-àtout. Il peut sortir des sonorités étonnantes d’objets comme les bidons
d’huile ou les boîtes de lait, jouer une guitare comme les enfants en fabriquent pendant l’enfance, et le lendemain se mettre devant à peindre comme Jean-Michel Basquiat.

Depuis hier jeudi, il expose à Onomo. Kadodo veut dire le « lien » en français. Expliqué de façon plus approfondie, cela signifie « la corde
qui tisse le lien entre deux choses » en éwé. A l’image du cordon ombilical qui sert de canal, de communication entre deux êtres vivants.
L’exposition de Dodji Efoui retrace le processus évolutif de personnages métamorphosés au fil du temps : tantôt mi-homme / mi-animal, tantôt mi-homme / mi-machine.

Kadodo tisse le lien entre ses personnages (sphinx ou cyborgs) et son univers sonore peuplé de formes quotidiennes et d’objets qui nous entourent. Pour l’artiste, la peinture et la musique ont un registre émotionnel commun, l’une en termes de tonalité, l’autre en terme de sonorité. Et c’est au croisement des deux, qu’il nous invite pour un voyage dans son propre univers créatif et fantasmagorique.

 » Tout mon travail, comme plasticien et comme musicien, est un long poème hybride où la couleur est un son et le son une couleur. Tous deux parlent de lumière. Ma préoccupation est de trouver l’équilibre et la souplesse dans un monde mouvant « , indique Dodji Efoui.

Né au Togo, Dodji Efoui est un artiste peintre autodidacte qui restitue les éléments de la vie quotidienne. Il dessine les préoccupations de la société africaine comme les atrocités, les manques de valeur de la vie et l’absence de sens critique chez les gens. Ses peintures reflètent son engagement sociopolitique et son implication dans les défis de son époque.

Au terme de courtes études secondaires, Dodji Efoui quitte Lomé pour le Ghana afin d’y suivre une formation en art publicitaire. Il abandonne rapidement pour se consacrer à son art. De retour au Togo, il participe à sa 1ère exposition collective en 1997, au Centre Culturel Français de Lomé et en 2001 à sa 1ère exposition solo au Bénin. En 2003, il est intégré au sein du collectif camerounais Kapsiki. Cette adhésion lui permet d’acquérir davantage d’expérience et de restituer
dans ses toiles les émotions qu’il éprouve face à son quotidien précaire. Aujourd’hui, il vit et travaille à Douala au Cameroun en raison du dynamisme de ses artistes contemporains. Il n’oublie cependant pas ses racines et effectue de fréquents séjours au Togo.

Performance musicale : Vendredi 7 avril | 19h | Institut français du Togo | Entrée gratuite