« J’avais rendez-vous très tôt dans la localité de Massohoin, je fus surpris par le déploiement massif des forces de l’ordre qui m’ont fouillé à chaque étape tout au long du parcours sans que je ne sache ce qui se passait en réalité », a confié un homme.
Une jeune femme surprise et en colère témoigne : « Je devrais aller au marché de Hédzranawoé, mais j’ai dû retourner à la maison ne supportant plus cette brutalité si coutumière chez les militaires togolais ».
Pour perquisitionner chez une seule personne, plusieurs quartiers sont assiégés. Selon les informations, un gendarme a été retrouvé mort à l’arrière-cour du domicile de l’ancien ministre de la défense, Kpatcha Gnassingbé lui-même en prison depuis bientôt 13 ans et hospitalisé depuis plus de 4 mois au pavillon militaire du CHU Tokoin. C’est la mort d’un gendarme qui a valu ce zèle des heures durant traumatisant d’une part les populations et de l’autre, la famille de Kpatcha Gnassingbé.
En effet, des gendarmes sont souvent détachés pour, dit-on, assurer la sécurité des lieux. Selon nos sources, « leur présence n’est pourtant pas indispensable. La plupart du temps, ça cause, ça joue, ça drague. La problématique de se passer de leur service est tout un dilemme dans le contexte particulier où tout est vu comme une insubordination pouvant exposer à une réelle insécurité ». Autrement dit, faut-il se passer de leur service ou ne pas? Tel est le nœud gordien.
Le 30 octobre, dans la matinée, les forces de l’ordre font irruption au domicile de Kpatcha Gnassingbé pour une perquisition qui a duré près de 08 heures d’horloge. Chaque coin et recoin de la maison a été fouillé. Résultats des fouilles, quelques pétards et des jouets pour enfants emportés.
Pour rappel, Kpatcha Gnassingbé est accusé par le régime togolais d’avoir fomenté un coup d’état et condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Mais la Cour de justice de la CEDEAO a battu en brèche le verdict de non droit de la justice dépendante du Togo. De plus, la détention arbitraire est attestée par le groupe de travail des Nations Unies mais le plus célèbre des détenus est toujours aux mains de ses ravisseurs depuis plus de 12 ans dans un état de santé préoccupant. C’est dans ce contexte que le décès de Sambiéni Naouma, Maréchal des logis a été signalé à son domicile. Comment est-il mort? Aux autorités du pays de trouver les réponses même si la plupart des enquêtes ouvertes, n’ont jamais été fermées ni résolues. Une chose est indéniable, Kpatcha Gnassingbé n’a pas le don d’iniquité pour se retrouver à son domicile et à son lieu d’hospitalisation au même moment; au cas où on voudrait lui imputer un meurtre, dans un pays où les montages sont des jeux d’enfants.
Victime collatérale depuis le début de cette histoire digne d’une plaisanterie de mauvais goût, son frère jumeau Toyi Gnassingbé a vu également son domicile encerclé le même jour.
« Pourquoi tant de persécutions? Qu’est-ce qu’un frère puisse commettre comme faute pour mériter ces traitements? Le traumatiser sans épargner sa femme, ses enfants et ses proches? » S’est interrogée, hébétée, une octogénaire commentant l’impressionnant déploiement observé samedi dernier.
En bientôt 13 ans de détention arbitraire, c’est la cinquième perquisition effectuée soit en moyenne une perquisition tous les deux ans. L’Etat du Togo, tout en ratifiant tous les protocoles et traités des Nations Unies, trouve toujours le moyen de rester au-dessus des décisions supra qui s’imposent à lui, comme la libération de Kpatcha Gnassingbé ou son évacuation sanitaire pour des motifs humanitaires pourtant évidents.
K.A.
Liberté N°3502 du Jeudi 04 Novembre 2021