Togo: l’ union de l’opposition, une chimère ?

Les chefs de partis de l’opposition, actuellement extraparlementaires semblent sortir de leur torpeur d’après l’élection présidentielle de 2020, qui a vu Faure Gnassingbé l’emporter à plus de 70%. Les lendemains de cette déculottée, pour des partis traditionnels, comme l’ANC, qui n’a récolté que 4% des suffrages ont été très difficiles. Les 20%, obtenus par Agbéyomé Kodjo et la DMK, ne leur ont pas suffi. Ils réclamaient une éventuelle victoire du scrutin.

 

Cette revendication a semé la zizanie au sein de l’opposition et lézardé la forteresse, si tant est qu’elle l’était, avant le scrutin. L’animosité entre l’ANC et la DMK a atteint des sommets, chacun des partis accusant l’autre d’être la source de ses malheurs. Les autres restaient impuissants et spectateurs de ce combat fratricide.

De nouveau, l’union de l’opposition ?

Depuis quelques semaines, un nouveau son de cloche émerge de la part de certains partis, pour une reconstitution d’un bloc solide d’une opposition au pouvoir actuel. C’est la nouvelle direction de la CPP, incarnée désormais par Adrien Béliki Akuété, qui donne de la voix. Il relève que l’élection présidentielle de 2020 a créé plus de problèmes que de solutions à l’opposition togolaise fustigeant les problèmes internes aux partis de l’opposition et des querelles
byzantines inutiles.  » Aujourd’hui, en écoutant les propos de certains leaders, et en lisant certains écrits de haine, sur les réseaux sociaux, je me pose des questions : Quand est-ce que nous allons nous en sortir !« , se demande Adrien Béliki Akuété, qui ne perd pas espoir, car des initiatives sont prises depuis quelques temps pour amener à l’union de l’opposition, car certains partis comprennent, de nouveau, que c’est l’union qui fait la force. «  Mais je pense sincèrement que le peuple togolais est assez mur et sanctionnera, le moment venu, ceux qui ne veulent pas écouter son message. 2020 était déjà un message très fort. Il faut réfléchir maintenant à la sortie de cette impasse « , confie le Président de la CPP. Même son de cloche à la DMK, qui semble se raviser de sa ligne de défense depuis l’élection présidentielle de 2020. Dans son adresse pour la nouvelle année, la DMK lance donc un appel aux partis politiques, les mouvements et associations de la société civile à s’unir pour en finir, une bonne fois pour toutes, avec le régime en place. Selon les mots de la coordinatrice, Kafui Adjamagbo Johnson, cette union
sera faite, sur des bases ‘claires’ et ‘préalablement définies, une synergie d’actions qui va regrouper tous les bords, qu’ils soient politiques, ethniques ou religieux.

L’ANC droit dans ses bottes

Apparemment, tous ceux qui nourrissent cet espoir d’une union de l’opposition le feront sans l’Alliance nationale pour le changement (ANC), qui ne veut pas en entendre parler. Il semble qu’elle en a toujours après la DMK qu’elle accuse de tous les mots. Jean Pierre Fabre ne s’est pas prié de le rappeler à qui veut l’entendre lors de ses vœux pour la nouvelle année 2022. « Notre pays continue de souffrir des graves conséquences des agissements de
charlatans qui ont abusé de l’aspiration profonde des togolais au changement pour propager avec un
aplomb inqualifiable, les théories les plus curieuses qu’une analyse sérieuse et froide aurait anéanties« , a-t-il
dit. Il révèle qu’à coup de mensonges, de bluffs et de leurres, à coup de mystifications et de fanfaronnades,
ces imposteurs ont réussi à corrompre l’intellect de citoyens, agressant en permanence les véritables opposants et faisant du même coup, la part belle au pouvoir oppresseur qui maintient le Togo et le peuple togolais, sous le joug de la dictature depuis plusieurs décennies.  » Sur le territoire national, et au sein de la diaspora, ils continuent
d’affabuler et de forger des mensonges odieux qu’ils propagent allègrement, et impunément, pour maintenir, entretenir ce coup d’arrêt. Faire obstacle, empêcher toute remobilisation des populations, tel semble être leur agenda à peine voilé « ,martèle Jean-Pierre Fabre.

Alors, on ne saurait lui parler de l’union de l’opposition, surtout pas avec ceux-là qui ont ruiné le travail qu’elle estime avoir abattu pour le changement dans le pays ! Pour l’ANC, l’union n’est pas la fusion ou l’uniformisation. L’union n’est pas la candidature unique. «  L’union n’est pas un slogan que l’on proclame, urbi et orbi, pour circonvenir et séduire les populations, qui n’y voient que du feu. Elle n’est pas une stratégie visant à éliminer un partenaire. L’union n’est pas une formule magique qui permet d’éviter la lutte pour l’assainissement du cadre électoral. Au contraire !  »L’Union est un combat », qui se pratique dans la sincérité et la vérité. Voyez ce que ceux, qui s’en sont proclamés les chantres, ont fait en son nom : un gâchis politique sans précédent ! « ,clame Jean-Pierre Fabre.

Au demeurant, il ne voit d’union de l’opposition qu’autour de sa personne et de son parti. Cela, on l’avait bien compris depuis des lustres ! Et c’est bien là, le problème de l’opposition togolaise

 

Ali SAMBA