Les opérations militaires engendrent parfois ce type de bavure, et c’est toujours malheureux. Dans le cas d’espèce, en reconnaissant de manière officielle sa responsabilité directe, quelques jours seulement après le drame, l’armée togolaise pose un acte auquel les Togolais ne sont pas habitués.
Jusqu’à présent, les événements qui ont provoqué le décès de citoyens, par la faute de la police, de la gendarmerie ou de l’armée, ont bien souvent été couverts d’une certaine opacité, et beaucoup d’enquêtes ouvertes demeures sans résultats connus du public.
Le cas des 7 enfants tués dans la même opération le jour de la fête de la Tabaski, a suscité une vague d’émotion au sein de la population. Serait-ce la bavure qui conduit à une métamorphose de la force publique ?
La reconnaissance de cette faute professionnelle par les autorités militaires est une nouveauté, presque surprenante. Cela est rare. Il faut donc l’apprécier à sa juste valeur.
On se pose tout de même quelques questions. Est-ce le résultat du changement récemment opéré à la tête de l’état-major des forces armées ?
Est-ce le fait que le ministère des armées soit désormais détaché de la présidence de la République et maintenant dirigé par une femme ?
Quoi qu’il en soit, cette reconnaissance des faits est une démarche rassurante pour les familles endeuillées, car cela ouvre la voie à une prise en charge appropriée par l’Etat.
Pour ma part, la véritable question que je me pose est de savoir, si l’on assiste là à une nouvelle doctrine de l’armée togolaise qui s’inscrit désormais dans la transparence. Ce serait une vraie métamorphose, j’ose dire, une révolution au sein de l’institution militaire.
Si tel était le cas, alors il s’agirait sans nul doute d’un pas essentiel dans un processus de reconstruction d’une relation saine avec les citoyens. Et pourquoi pas, que cette nouvelle orientation des militaires impacte de manière plus générale, la vie de la Nation dans ses dimensions politiques et sociales. Oui, je sais, j’extrapole, je rêve même peut-être. Mais n’est-il pas permis de rêver quand on vit une situation nouvelle si inattendue et si prometteuse ?
Que l’institution militaire ne s’arrête pas en si bon chemin. Il faut qu’elle aille bien plus loin pour soigner l’image de la force publique au sein de la population, en améliorant les relations au quotidien avec les citoyens au sein des administrations ou simplement dans la rue. Ce serait un facteur important dans le renforcement de la collaboration entre les militaires et la population, en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Le courage de reconnaissance de cette faute est un acte fondamental. J’encourage l’institution militaire à persévérer et à aller plus loin, pour le bien de tous.
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais