Togo : le triple sens réel de la commémoration du martyrs de Pya

Oui ! Conduite par Charles T. D. King (Libéria), la quatrième mission de visite onusienne au Togo (mai/juin 1957) comprend cinq autres membres : Jean-Louis Delisle (Canada), Lats Tillitz (Danemark), José Rolz Bennett (Guatemala), Victorio D. Carpio (Philippines), Aleksandar Bozovic (Yougoslavie).
Elle arrivera le 28 mai et séjournera un mois (fin-mai/fin-juin 1957) dans notre pays. En plus de l’examen du fonctionnement pratique du statut de la République Autonome du Togo, la délégation de la quatrième mission de visite ONU reçoit un bon nombre de pétitions. C’est, en effet, le moment le plus propice pour les radicaux de chez nous de présenter leurs doléances les pluschères. Le Comité de l’Unité Togolaise soumettra un mémorandum
circonstancié.
Le passage de la mission Charles King dans la partie septentrionale du territoire se solde par des affrontements sanglants. C’est ainsi que le 20 juin 1957, à Mango, après le départ de la délégation onusienne, dans des
circonstances troubles, non élucidées, des coups de Fusil éclatent, faisant un mort et six blessés. Deux jours plus tard, le 22 juin 1957, au marché d’Odo, non loin de Pya-Haut (Lama-Kara), des paysans s’opposent à l’arrestation de l’un des leurs ; le commandant de cercle ordonne de tirer dans le tas : dix morts et plusieurs blessés. Ce chiffre officiel est démenti par la liste des victimes de la répression du 22 juin 1957 figurant sur le monument de Pya-Hodo, établie en 1970, qui indique nommément vingt victimes :
1- Agora Gnansa Kpédou 
2- Ama Agban 
3- Azouma Awadé
4- Babado Awidine
5- Banéwaï Awoulmi
6- Béguetti Kadanga
7- Bétchendi Simbia 
8- Kabissa Aloula 
 
9- Kamang Hélou 
10- Kassinga Pédjéba 
11- Lakignang Kondo Kikpèdou 
12- Moukpé Bouyo 
13- Passiké Piloutoyi
14- Péka Toyo
15- Potcho Kadanga
16- Sizing Agui
17- Sizing Potcholé
18- Tchalim Tchindo
19- Tchodié Lagbaï
20- Téou Nabiliwa
Source : N. L. Gayibor (sous la direction de) : Les Togolais face à la colonisation. Éd.
Presses de l’UB, Lomé, 1994, p. 208.
 
Ainsi donc, d’entrée de jeu, nous voyons que les tueries pendant ladite visite n’ont point démarré à Pya, mais bel et bien à Mango. Au demeurant, les massacres imperialo – colonialistes sont nés avec le Traité de Protectorat paraphé le 04 juillet 1884 à Baguida et signé le lendemain à Lomé. En effet, à partir de ce Traité, les Allemands auront mis 18 (dix – huit) bonnes années pour pouvoir s’asseoir de facto sur la Terre de nos Aïeux. Et ce, par le truchement d’une terrible guerre de conquête baptisée « Opération de pacification ». Du sud au nord, de l’est à l’ouest. Brûlant, au passage, des villages entiers !!! Tant et si vrai qu’au terme de ces 18 années, la population originelle de notre pays fut réduite de sa moitié !!!
Entre les deux Grandes Guerres mondiales, les massacres n’ont nullement  manqué. À la faveur de la « Révolte des femmes loméennes » les 24 et 25 janvier 1933, le tirailleur sénégalais d’origine malienne : Moussa Diarra se posta au niveau de l’actuel quartier Hanukopé où les habitants de notre capitale allaient se soulager le matin de leurs besoins naturels et, « devenu subitement (!) fou », ainsi que selon la volonté de Jupiter, fusilla, « officiellement », une douzaine de personnes… avant d’être neutralisé.
En 1936, le lieutenant Jacques Massu présida allègrement (!) au massacre d’une kyrielle de Konkomba, parce que ceux – ci osaient résister farouchement (!) aux affres de l’impérialo – colonialisme français. Jacques Massu deviendra plus tard un général « célèbre » grâce à la guerre d’Algérie dans les années 1954/1962. Et que dire des tueries de Vogan ?! Que dire de l’ignominieux assassinat du Père de notre nation : Sylvanus Kwami Epiphanio Olympio ?! Que dire de l’assassinat des Clément Kolor, des Osséyi, des Laurent Djagba, des Paul Comlan, des Koffi Kongo, des David Ahlonko Bruce, des Léopold Ayivi Togbassa, des Tavio Tobias Amorin, des Vincent Tokfaï, des Omer Darius Gabriel Adoté, des Kouassivi Akpé Jean – Marie Tété – Adjalogo, etc, etc !
Que penser des tueries du Fréau Jardin le 25 janvier 1993 et de la fin de ce même mois à Lomé ?! Que croire à propos des tueries de la Lagune de Bè, de Soudou : des Marc Atidépé ?!, de l’attaque de la Primature de Me Joseph Kokou Koffigoh le 03 décembre 1991 ?!
Quid des massacres durant le période février / avril 2005 : 500 à 1000 (cinq cents à mille) victimes selon les Nations
Unies et la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme ?! Que sais – je encore ?! En tout état de cause, ma liste est loin d’être exhaustive…
Alors commémorer les seuls martyrs de Pya et rien que ceux – ci s’apparenterait fort (!!!) à une opération au triple objectif ci – après : Primo, une piètre démagogie à l’endroit de l’ethnie kabiyè. Secundo, une insidieuse tentative de division du Peuple togolais. Tertio, un affichage ostentatoire (!) de la colonisation et du colonialisme ethno – militaro – claniques plus que cinquantenaires des Gnassingbé…
 

QUE FAIRE DONC ?

 
À mon humble avis, en tant que Peuple assoiffé de liberté, de Dignité et  de prospérité, nous nous devons, avant toute chose, de nous libérer du joug colonial éyadémao – gnassingbéen. Coûte que coûte !!! Puis, une fois cela accompli, nous devrions édifier un PANTHÉON national, à la gloire de tous (!!!) les Togolaises et Togolais dont la vie aura été immolée sur l’Autel de notre Patrie. Et ce, depuis la gestation de notre nation jusqu’au jour (!) de la
réalisation de ce monument. Au centre de ce Panthéon devrait figurer un Mausolée dédié à Sylvanus K. E. Olympio.
Enfin, qu’il me soit permis de suggérer, qu’en vue de commémorer chaque année tous (!!!) les martyrs de notre Patrie, nous choisissions la date du 13 Janvier : date de l’assassinat de Sylvanus K. E. Olympio. Journée qui
devrait nous servir de Recueillement (!!!) et de Réflexion (!!!) sur la Destinée de notre Patrie à laquelle nous avons promis de faire d’Elle, sans nous lasser, l’Or (!) de l’Humanité.
GLOIRE ÉTERNELLE (!!!) À TOUS (!!!) LES MARTYRS DE LA
NATION TOGOLAISE
 
Godwin Tété