Un membre du gouvernement affirme qu’il n’y aura pas une relecture de la très critiquée loi « Boukpessi », celle-là même qui restreint considérablement les manifestations publiques au Togo.
Gilbert Bawara, le ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social, confie dans une émission sur une télévision privée de la place qu’il n’est pas question que la loi « Boukpessi » soit édulcorée ou vidée de son caractère anti-constitutionnel.
Votée début août 2019, cette loi, celle qui remplace celle baptisée Bodjona, interdit quasiment toute manifestation publique devant drainer de foule. Selon par exemple son article 9.1, « dans le cadre des réunions ou manifestations pacifiques publiques, l’itinéraire comporte un seul point de départ, un seul tronçon de route et un seul point de chute ».
Et ce n’est pas tout. Le 9.1 complète : « Pour des raisons stratégiques, économiques et sécuritaires », il est interdit des rassemblements sur « toutes les routes nationales », « les axes et zones où se déroulent de fortes activités économiques, dans les centres urbains », et « les axes et zones proches des institutions de la république ».
On lit également à l’article 17 que « les réunions ou les manifestations pacifiques sur la voie publique et dans les lieux publics ne peuvent se tenir avant onze (11) heures et au-delà de dix-huit (18) heures ».
Il est clair que l’ambition du gouvernement est d’interdire carrément toute manifestation populaire anti-pouvoir.
Le texte est critiqué en interne et en dehors et suscite indignation. L’Organisation des Nations unies (ONU) le juge liberticide et demande sa relecture.
Gilbert Bawara monte au créneau et répond. « Il n’y aura pas de relecture de cette loi », expliquant que « Quand les Nations Unies donnent des avis soudés, nous pouvons y souscrire et agir en conformité de cela. Mais quand cet avis est en décalage par rapport à nos intérêts fondamentaux, nous ne pouvons pas écouter cela », contre-attaque-t-il, dans des propos rapportés par le confrère en ligne letelegraphe.com.
Et de poursuivre « Nous sommes mieux placés en tant que gouvernement et en tant que Togolais pour savoir ce qui est dans l’intérêt de la sécurité, de la paix et de la stabilité au Togo».
Bien que beaucoup ne soient pas surpris pas cette intervention d’un membre du gouvernement décédés à étouffer toute contestation populaire, les critiques, elles, continuent. « Retirer à un peuple la liberté de manifester pacifiquement pour exprimer ses désaccords avec ses dirigeants, c’est créer des frustrations, c’est aussi et surtout priver ce peuple du droit de dire non quand il n’est pas d’accord. Et c’est simplement dangereux », s’inquiète André Afanou, un ancien responsable du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT).