Il y a sept (07) jours que décédait le Président de la Cour Constitutionnelle du Togo, El-Hadj Aboudou Assouma au moment où il était dans ses seize (16) ans à la tête de cette Cour. Faut-il le rappeler, le Chef de l’État, Faure Gnassingbé l’a nommé à la tête de cette haute juridiction du pays en matière constitutionnelle en 2007.
Mais bien avant, il avait servi avec loyauté le père, feu Président, Général Eyadèma Gnassingbé, 38 ans de pouvoir avec qui il avait entretenu de très bonnes résolutions. Après ses études de droit en France, il rentre au pays où il a occupé diverses fonctions dans son domaine. Substitut du Procureur, Jugé d’instruction, Procureur de la République, Procureur général, Vice -président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme( CNDH) sous Me Yawovi Madji Apollinaire Agboyibo, Ministre délégué de la Défense nationale, Conseiller du Chef de l’État etc avant d’atterrir à la Cour Constitutionnelle en 2007. Seize (16 ans) années de service rendu au système en place avec son rôle qu’il a eu à jouer pour le maintien du parti au pouvoir dont il est membre puisqu’il ne le cache jamais.
Celui-là, qu’on l’aime ou on ne l’aime, d’une manière ou d’une autre , il a bien joué sa partition pour le père ensuite pour le fils. Seulement sept(07) jours après son décès, on ne peut pas comprendre que cet homme qui dirige la plus haute juridiction du pays, meurt en plein exercice de sa fonction du haut Constitutionnaliste et que ni le Chef de l’État, Faure Gnassingbé en personne, ni la Présidence de la République qu’il incarne, ni la Primature ( le gouvernement), ni aucune institution de la République togolaise n’a daigné saluer la mémoire de l’illustre disparu et au moins présenter les condoléances officielles à sa famille biologique. On peut se tromper de tout certes, mais à ce jour de façon officielle, la population n’a pas été informée du décès du Président de la Cour Constitutionnelle, El-Hadj Aboudou Assouma si ce n’est, les réseaux sociaux qui ont annoncé sa disparition et qui continuent de revenir sur la biographie de l’homme en plus de la publication du programme de ses obsèques relayé sur les médias et réseaux sociaux prévues pour le lundi 05 juin prochain à Lomé.
On se demande quelle faute aurait pu commettre le désormais, feu Aboudou Assouma au système qu’il a contribué à enraciner au point qu’on ne peut pas se rappeler de ses bienfaits au régime en place ?
Si le système politique qu’incarne Faure Gnassingbé et les siens est toujours en place aujourd’hui, debout malgré les contestations de la majorité du peuple togolais, El-Hadj Aboudou Assouma en a contribué énormément. Il a servi le père et il a réussi à maintenir le fils, Faure Gnassingbé en poste au Président de la République.
Les circonstances dans lesquelles Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père laissent à désirer. Le coup d’État miltaro-civil en violation de la Constitution est encore vivace dans les esprits des Togolais. Ce crime imprescriptible interdit par la Constitution de 1992 et pourtant les grands constitutionnalistes du pays à l’instar de El-Hadj Aboudou Assouma ont donné leur avis avalisant le coup de force. Le reste tout le monde le connait.
Aujourd’hui, il s’est éteint et voilà sept (07) jours après sa disparition, aucun communiqué officiel n’a annoncé son décès et pour au moins saluer sa mémoire, c’est triste ! Alors qu’on sait que s’il y a décès d’une personnalité dans un autre pays, le Chef de l’État togolais, Faure Essozimna Gnassingbé ne rechigne pas à tweeter pour exprimer sa compassion ou à se déplacer lui même pour assister à ces obsèques. L’exemple du Président du Conseil économique et social de la Côte d’Ivoire est encore vivace dans les esprits.
On se pose également la question de savoir pourquoi quand les hautes personnalités qui ont servi ce système décèdent, le pouvoir en place ne semble pas les considérer ? Les exemples sont nombreux dans ce cas. Nous n’avons pas la prétention de créer la polémique. Loin de là. Le constat est établi que notre République a une particularité dans la gouvernance et le comportement des gouvernants aussi le démontre si bien. Les Présidents des institutions sont morts dans ce pays, on a vu le sort qui leur a été réservé. Pour preuve, l’ancien Président de la HACC,Filipe Kokou Evégno a quitté le monde des vivants dernièrement, personne ne sait comment ses obsèques ont été organisées et dans quelle condition il a été inhumé. Pourtant ce monsieur a servi la République même si son bord politique reste à chercher finalement. Bien avant lui, les ministres, les hauts cadres et personnalités qui ont servi la République d’une manière ou d’une autre dans divers domaines ont connu les mêmes sorts.
Le cas du Président de la Cour Constitutionnelle est trop patent. Lui qui a proclamé les résultats des élections présidentielles dans ce Togo dans les conditions peu orthodoxes qui laissent à désirer. Lui qui après avoir proclamé les résultats définitifs, jubile parce-que son candidat a gagné. La dernière en date remonte au 03 mai 2020 à l’issue de la dernière présidentielle du 22 février 2020. Et que ce haut magistrat, Constitutionnaliste qui a servi un système décède et aucune relation officielle jusqu’à ce moment ne vient confirmer sa mort alors là, on a le droit de s’interroger. Ça doit interpelle plus d’un.
On finit par comprendre que ce qui compte dans la vie , c’est de bien marquer son passage sur terre avant de la quitter un jour. Quelque soit la mission qu’on vous a confiée.
Le passage du Président Aboudou Assouma sur terre a pris fin. Le reste à présent, c’est entre lui et son Dieu. L’homme n’a pas le pouvoir pour juger. Aboudou Assouma a marqué son temps d’une manière ou d’une autre. Chacun l’a vu à l’œuvre dans sa profession et sa mission du Président de la Cour Constitutionnelle. Pas à nous de trouver encore à dire. La mémoire d’un être humain décédé comme le recommande la tradition africaine doit être honorée quoi qu’il en soit.
Parti à 78 ans , ce n’est pas peu. Que ton âme repose en paix, le Président El-Hadj Aboudou Assouma !
Justin ANANI