Fcfa – Eco : critique de la ‘’ raison pratique’’ de Kako Nubukpo

Il était une fois…. Un gros éléphant en caleçon qui se baignait dans la mer. Il fut surpris par l’attaque d’un hippopotame, qui lui saisit la trompe avec ses griffes.

Devant le bras de fer en pleine bordure de mer, survinrent des chiens sauvages… L’avenir de l’humanité après Covid est miné d’incertitudes… Didier Raoult abuse du niveau 180 de son quotient intellectuel, raison de son obsession de se faire comprendre, c’est le problème des doués… la Chine est presque arrivée à terme de son soleil artificiel, ça chauffe la température,… pendant ce temps, l’Afrique du Sud se préoccupe du vote de la polyandrie, la ruse pour une femme d’avoir plusieurs époux… le mot long est plus court que le mot court, l’amour et la haine s’équilibrent, bon gré mal gré… Les derniers mots de Kant avant sa mort, ‘’Das ist gut’’ ‘’C’est bon’’…. Totalement décousu ce pan de texte. Un style coq à l’âne qui m’a inspiré lorsque j’étais privé en fin décembre 2020 de liberté pendant 5 jours, jour de l’an compris. Je gribouillais sur des paperasses à moi prêtées par de gentils ‘’méchants’’ hommes et femmes ; que je n’ai pas eu l’occasion de récupérer, ces fameux papiers avant mon départ….
J’imagine l’embarras des internautes, de mes lecteurs les plus avisés qui ont parcouru ce préambule en essayant d’imaginer le film d’un gros éléphant, grosse tautologie en raison du fait que l’éléphant a été toujours gargantuesque, ensuite ce qu’il va chercher dans un accoutrement de caleçon, drôle ! à la plage pour se faire provoquer par un hippopotame, qui en ce qui le concerne ne vit naturellement pas en mer, et qui en plus ne dispose pas de griffes. Comble de la fiction, des chiens sauvages qui devraient avoir leur place en brousse mais qui viennent départager deux lourdauds en conflit. Ce n’est quand même pas des chiens qui viendront intervenir dans ce genre de combat : séparer un éléphant et un hippopotame.
C’est la raison de l’utilisation de la formule indiquée dans ce récit ‘’ il était une fois’’ généralement consacrée aux contes.
L’illogisme et le style saccadé de cette introduction trouve sa logique dans le débat actuel du Franc CFA qui va subir la métamorphose kafkaienne en Eco.
Le Professeur Kako Nubukpo incarne ce combat de bout en bout, soutenu timidement par une intelligentsia africaine rompue à l’hypocrisie et à la duplicité.
Kako Nubukpo, économiste est chercheur à London Scholl of Economy. Il était en navette professionnelle entre la BCEAO, l’UEMOA avant de devenir Ministre de la Prospective au Togo. Démis stratégiquement de ses fonctions à titre conservatoire pour continuer son aventure à la Francophonie, il a coutume dans son parcours, soit de quitter la barque ou d’être limogé pour convenance personnelle ou indésirable pour ses prises de positions trop indépendantes.
Il sera nommé Doyen de la faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) de l’Université de Lomé, avant d’être aujourd’hui au poste de commissaire de l’UEMOA chargé des questions agricoles. Parcours plutôt enviable, fierté pour les hommes normaux.
C’est admiratif donc, le combat audacieux enclenché par Kako Nubukpo, et ça craint de voir toute cette énergie sombrer dans l’impasse socio-économique et politique des réalités du monde actuel.
Je ne suis pas économiste rompu. Je suis journaliste de profession, socio-économique de formation.
Nous avons eu, en année de licence de sociologie, à étudier en même que les étudiants de la FASEG, deux matières fondamentales qui nous imposent les analyses et les interprétations des mutations économiques : Les statistiques et l’histoire des faits économiques (HFES).
Pour la seconde discipline enseignée, c’est-à-dire l’histoire des faits économiques, elle se trouve au carrefour de deux grands domaines de la connaissance, l’histoire et l’économie. Ces deux domaines sont largement ouverts à d’autres champs du savoir, aussi bien dans les sciences sociales que dans les sciences exactes. Ils ont l’un et l’autre fait preuve d’un grand dynamisme, d’une sorte d’impérialisme vis-à-vis des autres disciplines. Leur rencontre sur le terrain de l’histoire économique, selon Jacques Brasseul dans ‘’ Petite histoire des faits économiques et sociaux’’, ne va pas sans heurts.
Donc, mon profil de sociologue en économie et développement m’autorise, au nom de la corrélation intrinsèque qui existe entre les faits économiques et les faits sociaux à porter un regard circonspect sur le débat monétaire en cours en Afrique de l’Ouest.
Je ne suis pas tombé dans le piège pédantesque de Kako Nubukpo en me donnant la peine de parcourir le document anthologique de l’économie de 320 pages de projet de transformation du Franc CFA à l’Eco.
J’en suis convaincu que 90% des participants à ce colloque ne l’ont pas fait.
L’apanage des hommes de sciences dans leurs complaisances est de dresser des centaines de pages d’axiomes et de postulats, plombés de figures et de tableaux pour mystifier l’opinion, tout en étant sûrs que les destinataires n’iront pas au bout de la lecture.
Ceux qui liront le document jusqu’à à la fin, ou bien, ne comprendront pas grand-chose, ou bien seront totalement confus après lecture. Fidèles à la théorie de Kierkegaard, ‘’Ou bien ou bien’’. Les hommes de lettres dans leur allure mystificatrice se contentent de gros mots et des figures de styles. Histoire d’emballer.
Donc je ne suis allé au bout de la lecture de la thèse romanesque économique de Kako Nubukpo. J’en serait obligé d’effectuer l’amputation volontaire de mes jambes comme pour paraphraser le Philosophe allemand, Arthur Schopenhauer, qui compare l’exercice mathématique à un homme que se couperait volontairement les jambes pour décider de marcher avec les béquilles.
De toute évidence, la dimension du débat du Franc CFA est très élevée et dépasse les limites de la faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’université de Lomé comme on l’a prétendu. C’est pourquoi, l’égoïsme avec lequel le meneur de la bataille (Nubukpo) la met (la dimension) risque de porter les germes de son échec et c’en est une réelle menace.
Le processus de création de l’euro, la monnaie unique européenne a duré près de 10 ans. Après la dénomination Euro par le Professeur belge Germain Pirlot, ce sont des acteurs concernés qui ont piloté le projet de 1995 à 2001. Les gouverneurs des banques centrales, les opérateurs monétaire et bancaire, les ministres de l’économie, les décideurs ont travaillé de bout en bout.
La dame de Sotchi, Nathalie Yamb, que je n’affectionne pas trop, justement parce qu’elle n’a nullement besoin de mon affection, mais dont j’apprécie l’activisme et l’audace, a interpellé Kako Nubukpo à l’annonce du Colloque sur l’absence annoncée des experts des pays anglophones de la CEDEAO. C’est pertinent comme observation même si la manière de la faire est peu orthodoxe. C’est son style, on le lui concède démocratiquement.
La réplique du Professeur d’économie a manqué de matière, de manière à la limite de prudence.
En filigrane, dans son allocution d’ouverture, le Président du Conseil scientifique du Colloque, Kako NUBUKPO à traité d’esprits chagrins ceux qui ont mis en doute le caractère impartial du colloque.
Et pourtant, le colloque n’était pas aussi rassembleur qu’il le devrait.
Le Professeur Nubukpo dont j’ai salué l’humilité intellectuelle et la pertinence analytique lors d’un Club diplomatique de Lomé, où il était intervenant, m’a surpris par la rage avec laquelle il a riposté à l’attaque de cette activiste panafricaniste dont l’adhésion totale au projet de l’Eco serait d’une grande importance.
L’ancien ministre, entre le discours dans sa forme et le contenu, a semblé basculer dans une élégante contradiction d’inclusion et d’élargissement de l’éventail pour cette cause, en invoquant Marcel Mauss, père de l’anthropologie française : ‘’La monnaie est un fait social total ‘’ donc devrait impliquer les acteurs de tous les secteurs de tous horizons : juridiques, sociaux, politiques, francophones et anglophones.
Les états généraux de l’Eco n’avaient pas besoin de scènes de quolibets revanchardes qui risqueraient de s’éloigner de l’essentiel comme ce fut le cas.
Pourquoi ? Parce que les premiers bénéficiaires de la monnaie unique en zone CEDEAO sont d’abord les pays francophones maintenus sous le joug esclavagiste du FCFA depuis plus d’un demi-siècle.
Les anglophones qui se développent sans maîtres absolus de contrôle de leurs monnaies ne se plaignent apparemment pas. Même si les qualités comparatives de stabilité du FCFA vantées par l’économiste Michel Nadim Kalife sont légitimes. C’est de bonne guerre.
La pédagogie adéquate dans la démarche actuelle serait, dans l’entendement populaire, d’arrimer la stratégie de recherche d’autonomie monétaire sur la réalité des pays qui s’en sortent déjà avec les monnaies locales, les pays anglophones en l’occurrence.
L’Eco ne peut prospérer sans la collaboration du Nigeria qui est un géant économique de l’Afrique de l’ouest, encore moins le Ghana dont la croissance économique est enviable dans la sous-région.
C’est en Naira que le richissime homme d’affaires Aliko Dangote compte ses milliers de milliards…. Les ghanéens ne sont pas complexés sur leur territoire par l’utilisation de leur Cedi national.
C’est vrai, l’allusion de Nubukpo est logique : ‘’Les chercheurs togolais, ont plein droit de travailler pour les économies ghanéenne, Gambienne et Nigériane, sans demander l’autorisation à quiconque’’ ; de même, la raison voudrait que les chercheurs de ces pays anglophones aient aussi le droit de rejeter quelque travaux de quelque chercheurs si les conclusions ne leur conviennent pas; et dans cette posture d’arrogance et de pinaille, l’objectif de la monnaie unique est enrhumé.
La preuve, les conclusions du Colloque de Lomé sont actuellement introduites à tous les Chefs d’Etats de la sous-région, anglophones y compris. Dans quel état d’âme les économistes de ces Etats seront, s’ils sont appelés par leurs Présidents à apprécier les travaux du colloque auquel ils ne sont pas invités ?
Le processus de MUTATION du FCFA à l’Eco devrait donc, dans la logique inclusive, se tapisser d’une bonne couche de villosités stratégiques et les mots pour les étaler devront être choisis avec beaucoup prudence. Sur ce point, Kako Nubukpo a manqué de méthode.
Par ailleurs, dans son désir de donner une réponse du berger à la bergère, il a soutenu sa ligne de défense avec anecdotes et adages tous aussi critiquables : ‘’ s’il avait fallu attendre d’inviter les martiens à la station spatiale du Cap Canaveral en Floride, on n’aurait certainement pas pu envoyer les robots sur la planète mars’’. Le Professeur venait d’enfoncer le clou.
L’ambigüité dans cette anecdote choisie par l’ancien ministre togolais pour justifier l’inopportunité de la présence des économistes anglophones à ce colloque se trouve dans l’intérêt des fameux martiens dans la conquête de la planète Mars.
Les habitants de la planète rouge s’en moquent éperdument de l’envoi des robots sur leur planète.
Pour eux, (si leur existence est établie), c’en serait plutôt une obsession de curiosités, une folie de grandeurs qui animerait les humains à venir les perturber sur leur planète avec des robots.
A moins que le professeur Kako Nubukpo se situe dans le contexte ‘’raélien’’ de l’espace et de la religion.
Dans la pratique de la religion ‘’raélienne’’ à laquelle j’ai été initié, que j’ai pratiquée avec baptême quand j’étais à l’université, il est conçu dans le document de référence du Prophète Claude Vorillon alias Rael, (qui serait allé sur la planète des extraterrestres,) que ceux-ci sont nos vrais créateurs en laboratoire.
Selon lui, les extraterrestres sont nos Dieux et c’est par ignorance que les humains confondent les Elohims qu’ils sont au Dieu de la bible.
Pour ce courant religieux finalement interdit en France, les extraterrestres on atteint le niveau de connaissance et de technologie jamais égalé et ont dépassé depuis des siècles la technologie de la création par clonage des espèces humaines, initiative que la science terrestre bricole sans succès.
Selon donc les raéliens, l’histoire de la création racontée dans le premier livre de la pentateuque n’est que du pipo.
C’est pourquoi, pour les adeptes de la religion des extraterrestres, les moyens très colossaux, le temps et la technologie acharnés que les terrestres mettent en œuvre pour envoyer un seul robot sur leur planète est infime et ridicule face à la facilité avec laquelle ils déploient leurs soucoupes volantes pour sonder la planète terre et mystifier les humains qui sont obligés par complexe de produire des films fiction dans le but de les égaler.
C’est la démonstration de ‘’notre’’ Prophète ‘’Rael’’ qui serait allé sur la planète des extraterrestres à bord de leur soucoupe volante. Lol…
Même dans cette analogie, Nubukpo n’a peut-être pas raison de considérer les anglophones comme des martiens dont on n’a pas forcément besoin pour déployer le processus de la transformation du CFA en Eco et surtout accoucher d’une monnaie unique. Il aurait mal choisi l’anecdote.
Je m’incline avec beaucoup d’admiration et de respect devant le bagage intellectuel de mon compatriote, Kako Nubukpo. Il est très intelligent, clair et cohérent dans ses allures, rusé s’il le peut, flexible s’il est contraint.
Pour la petite histoire, les États généraux de l’Eco, on se rappelle, étaient prévus pour 2020, mais n’ont pu tenir en raison des difficultés de mobilisation des moyens financiers.
Heureusement, la Covid-19, le nouveau prétexte fuyant en vogue pour sauver les apparences et justifier les échecs, a également permis à Kakou Nubukpo, qui était en conflit avec des conservateurs farouches du FCFA de sauver la face.
L’argument de la prévalence de la pandémie est acceptable pour motiver le report. Un échafaudage de secours de circonstance.
Un an après, le mois de mai est de nouveau retenu. Deux semaines avant la date fatidique, les 200 millions de FCFA n’étaient pas mobilisés.
Malgré cette difficulté, le comité scientifique dirigé par Kako Nubukpo a décliné l’offre de l’ambassade de France qui s’était proposé de prendre en charge les transports et l’hébergement. Plus de 50% du budget.
C’est l’occasion encore une fois pour moi, de saluer la ténacité et l’intégrité de l’initiateur qui n’était pas dans la logique du business dans l’organisation comme c’est le cas dans la plupart des colloques. Aller chercher de la laine et revenir tondu…
La Présidence, par ailleurs, dans la foulée, aurait volé au secours de l’infortuné Nubukpo en finançant la Communication.
Malgré cela, la communication autour du colloque de cette envergure a été déficiente : Médias locaux et panafricains ne s’étant pas sentis concernés par l’initiative, la presse internationale, française en tête, contrairement à ses habitudes, a été visiblement absente dans le relai médiatique du colloque. Pas étonnant.
Le gros morceau du budget aurait été pris en charge par la Banque Africaine de Développement, la BAD qui a finalement mis la main à la poche pour rendre possible cette initiative.
Le problème des personnes intelligentes et douées se trouve dans le fait qu’elles veulent que les autres les comprennent assez aisément dans leurs réflexions astronomiques et se plantent souvent lorsque ce n’est pas le cas.
C’est l’exemple du Professeur français Didier Raoult, comme de Kako Nubukpo, comparables à l’albatros de Charles Baudelaire. Les grandes ailes qui servent à planer en toute aise dans les avirons, les empêchent de marcher.
La dimension de la monnaie unique est gigantesque et le combat pour sa réussite ne saurait être réduite à la portion congrue d’individu ou d’Etat qui revendique le vedettariat.
Et surtout, lorsque l’Etat qui ose exprimer indirectement son adhésion avance à pas de chasseur, pour éviter les représailles des partisans du maintien. La grande France comprise. En témoigne la brillante absence des autorités officielles à l’ouverture du colloque, et qui s’y sont néanmoins aventurées à compte-gouttes en pleins travaux, mais soigneusement camouflées derrière les scaphandres anti-Covid.
La dimension du combat doit donc s’élargir aux paradigmes épistémologiques assez rigoureux, rassembleur, tenace et intransigeant.
Kako Nubukpo mène deux combats : celui du CFA mais surtout celui contre la France.
Ni le FCFA, ni la France ne sauraient faire semblant de mourir dans ce duel, pour qu’on fasse semblant d’enterrer, comme l’ose penser naïvement le Professeur.
D’ailleurs, celui qui fait semblant de mourir est plus menaçant que la personne vivante que l’on combat en face.
Il faut donc redoubler de vigilance, créer une union sacrée autour du combat, impliquer les acteurs endogènes et exogènes.
En ce qui me concerne, je n’ai pas souhaité aller au fond du débat scientifique lié à la mutation du FCFA pour deux raisons : la première, je n’ai pas amassé d’argent tout comme 99% des africains, pour me donner du stress dans un combat de survie et de sauvegarde des coffre-forts.
La seconde raison est que je suis nul en calcul. Peur de m’aventurer sur un terrain de macroéconomie, de comptabilité et de démonstrations mathématiques. Je m’occupe donc de la forme. C’est aussi une contribution.
Pour les générations dont nous devons préparer le futur, sauve qui peut, Allah reconnaîtra les siens.
Quant à la bagarre sur la plage entre l’éléphant en caleçon et l’hippopotame, l’histoire ne nous a point dit comment elle s’est terminée…
Bon vent au Professeur Kako Nubukpo.

 

Carlos Komlanvi KETOHOU