Se trouver un logement moyen à Lomé Pas de sous, bonjour les humiliations et arnaques

Se loger décemment à Lomé est  depuis quelques temps un luxe. Les Togolais ne disposant pas d’importants moyens financiers restent jusqu’alors les victimes des agents immobiliers-démarcheurs- véreux et des propriétaires de logement qui mettent la barre très haut pour le paiement d’une caution.

Ce matin, Sylvain, 27 ans, comptable de formation, est encore inquiet. Il discute avec l’agent immobilier, qui semble ne pas trop se déranger pour  lui trouver un logement. Jeune cadre de son état, Sylvain vient de décrocher son premier emploi après presque un an de stage non payé. Il  ne veut donc plus vivre chez ses parents. Depuis déjà deux semaines, il est à la recherche d’un logement. Mais ses chances d’en trouver s’amenuisent.
Le quartier qu’il désire habiter ne regorge plus  assez de chambres en location. Les rares qui y restent sont hors de prix  pour lui: 18.000 à 40.000 fcfa à débourser tous les 30 jours. Pourtant l’agent immobilier lui avait donné seulement une semaine pour résoudre son problème. Mais l’attente s’annonce plus longue que prévu. Pour un jeune employé comme lui, un logement de deux pièces à 15.000 fcfa le mois fera l’affaire. Mais voila qu’il ne peut s’offrir ce luxe, puisqu’il n’est pas à même de payer un an de caution ; soit 180.000 fcfa.

Des agents immobiliers véreux

« No pity in business » ! Cette fameuse phrase anglo-saxonne semble être bien ancrée dans la tête de tous ceux qui s’adonnent aux affaires et particulièrement de ceux que les Togolais aiment à appeler « démarcheurs ». Les diatribes à leur endroit fusent. Ils ne font pas l’unanimité au sein de la population ; du moins le  lot des chercheurs de chambre à louer. Pour la plupart, ces «démarcheurs » passent pour des escrocs.
« Les démarcheurs ne sont pas sérieux », confie Angèle Djato, étudiante. Etablie à Lomé (après plusieurs années passées à Kpalimé) dans le but de poursuivre ses études supérieures, elle a eu à faire face au crucial problème de logement et à la malhonnêteté des démarcheurs. « Quand je suis arrivée à Lomé, je résidais chez mon oncle à Akodéséwa, en attendant de trouver un logement près du campus. J’ai donc, grâce à un ami à mon oncle, fait la connaissance d’un démarcheur qui prétendait avoir un studio à sa disposition et qu’il fallait payer 2.000 fcfa pour le droit de visite. Nous l’avons d’ailleurs payé avant la visite en question. Mais depuis ce temps, il refuse de nous présenter au propriétaire sans toutefois donner des arguments convaincants », s’alarme la jeune étudiante. Ulcérée par l’attitude du démarcheur, elle décida de se renseigner auprès de certaines revendeuses installées à côté du “chercheur de chambres”. Sa surprise sera très grande quand elle apprendra que les 2.000 fcfa réclamés par le « démarcheur » font partie d’une panoplie de ruses utilisée par ce dernier pour se faire de  l’argent !!
D’autres  agent immobilier n’hésitent pas à augmenter les  frais de loyer, en se faisant passer pour les vrais propriétaires . Face donc à la mauvaise réputation dont ils jouissent, certains de ces démarcheurs se réclament précurseurs de cette profession au Togo refusent l’amalgame. L’un d’entre eux rencontré au quartier Bè, explique, sous couvert de l’anonymat, comment il travaille. « Le droit de visite s’élève à 2.000 fcfa. En plus de cela, nous percevons systématiquement un mois de loyer ».

La loi de l’offre et de la demande s’applique à merveille

Point besoin de faire forcément de longues études pour comprendre  que la finalité du capitalisme est d’engranger le maximum de bénéfices. Les propriétaires de chambres à louer appliquent à merveille les règles capitalistes à Lomé ! Quand la demande est supérieure à l’offre, les prix augmentent. Face donc au besoin important de logements dans la capitale togolaise, c’est plus le premier venu qui est servi, mais surtout le plus offrant.
Alors, le Togolais moyen ne disposant pas de domicile dans la ville de Lomé, n’aspire plus à des logements décents, puisque n’ayant pas les moyens de se procurer un logis propre et surtout à moindre coût. Autrefois, il fallait, pour mettre la main sur une chambre, payer 3 à 6 mois de caution. Mais aujourd’hui, avec l’urbanisation anarchique et l’augmentation de la population de Lomé, la donne a changé. Certains propriétaires demandent désormais 1 à 2 ans  de caution !! Seuls les plus nantis et les étrangers arrivent à tirer leurs épingles du jeu. Incapables de débourser facilement de telles sommes qui représentent parfois 6 ou 1 an de salaire pour beaucoup, nombre de Togolais sont exaspérés devant le phénomène, et appellent du coup le gouvernement à leur venir en aide… Avant que la situation n’empire.

Le gouvernement rassure

Pour pallier le problème de logement au Togo, les autorités togolaises avaient pourtant annoncé la construction, depuis 2008, de « logements sociaux ». Ils devraient permettre aux  Togolais moyens qui ont du mal à se loger et qui sont le plus souvent victimes des intempéries de s’offrir une habitation décente. Le ministre  de l’Urbanisme et de l’Habitat de l’époque,Clément  Nunyabu,se confiant aux confrères de « Tv7 » sur le sujet, se voulait optimiste. Pour lui, « les travaux pour la construction de logements auraient dû démarrer depuis. Mais cela n’a pas encore eu lieu à cause de certains problèmes liés au foncier.  ». Mis à part quelques logement construits, les lignes n’ont vraiment pas bougé 13 ans plus tard. Mais en attendant, les Togolais chercheurs de “chambres à louer” devront encore contenir leur colère et se contenter des logis bon marché dont la qualité reste à désirer…