Saint Pérégrin

Togo: l’hôpital de référence peine à sortir de terre

 Il a fallu l’avènement de la pandémie de coronavirus pour que certains croient qu’au moindre bobo au Togo, on peut en mourir, faute d’infrastructures hospitalières de qualité.

Depuis toujours, l’une des revendications du personnel soignant reste l’équipement des centres de santé dans le pays. Les grands hôpitaux publics, CHU Campus, CHU Sylvanus Olympio, tous les deux basés à Lomé, n’ont rien de référence. Faut-il le rappeler, les gouvernants, et la minorité pilleuse, ne s’y soignent pas, oubliant parfois qu’il y a des urgences qui n’attendent pas.

En précampagne pour sa réélection pour un quatrième quinquennat, Faure Gnassingbé, qui sera finalement réélu en février 2020 selon les chiffres officiels proclamés par la Cour constitutionnelle, a promis à ses compatriotes qu’un centre de santé de référence sera construit dans le pays. On lui a même trouvé un nom : Saint Pérégrin.

En février 2019, le chef de l’Etat lance les travaux de sa construction à Agoè. Cet hôpital moderne est censé sortir de terre au plus grand tard juillet de l’année suivante, en juillet 2020 donc.

D’une valeur totale de 17 milliards de FCFA, les travaux sont financés par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et s’étendra sur une superficie de 6 hectares. Il comprendra plusieurs niveaux et sera doté d’un plateau technique moderne, d’un hôtel quatre étoiles et d’un héliport, etc. Avec la précision que ce sera un centre de santé de référence en Afrique de l’ouest qui trouve son origine dans l’axe III du fameux Plan national de développement (PND).

« Cette initiative était nécessaire pour réduire les évacuations sanitaires. Avec ce projet, il sera désormais possible de prendre en charge les populations malades. Nous sommes heureux d’accueillir deux représentants d’un hôpital américain pour des partenariats », avait alors justifié Ingrid Awadé, la Directrice générale de la CNSS.

Sauf que l’ouvrage peine à sortir de terre. Depuis lors, aucune explication officielle pour justifier les causes du retard. Une attente qui pousse beaucoup à commencent à parler d’une nouvelle promesse de Gascon du régime cinquantenaire.
Pour beaucoup, le pouvoir en place n’accorde pas une importance particulière aux besoins en matière de santé de la population. « Sinon, au moins, en attendant, les autorités politiques aux affaires devraient ne serait-ce qu’équiper les hôpitaux publics en place en attendant », dénonce un militaire en retraite sous le couvert de l’anonymat.

« Refuser d’offrir aux Togolais des centres de santé modernes, équivaut à une punition », estime une couturière qui vient de subir une césarienne dans un hôpital public à Lomé.

Le manque de centres hospitaliers de normes internationales devrait être une question d’enjeu national à en croire l’opposant Nathaniel Olympio, le président du Parti des Togolais qui regrette, dans un twitt, qu’en 16 ans de règne de Faure Gnassingbé « même pas un scanner opérationnel ni aucun hôpital construit » jusqu’aujourd’hui, alors que, liste-t-il, « plusieurs hôpitaux sont construits en 4 ans de présidence » de Nana Akufo-Addo au Ghana, autant au Sénégal en un quinquennat sous Macky Sall. Même chose sous l’ère Mahamadou Issifou en dix ans de présidence au Niger.

 

Fabrice Kossivi