Togo-pass vaccinal: le le bras de fer se durcit entre autorités et religieux

L’exigence du pass vaccinal ou d’un test PCR vieux de moins de 72 heures avant l’introduction des lieux de cultes continue de diviser les autorités gouvernementales et les responsables religieux. La mesure qui devrait rentrer en vigueur le 03 décembre 2021 a été repoussée sur le 10 décembre 2021. Malgré le refus des responsables religieuxde suivre la mesure, le ministre Payadowa Boukpéssi de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires, persiste et signe.

Dans une correspondance adressée aux préfets en date du 1er décembre 2021, Payadowa Boukpéssi instruit à ce que soient prises des dispositions ensemble avec la force mixte de surveillance(GMS) pour appliquer scrupuleusement, la décision de la présentation du pass vaccinal ou d’un test PCR de moins de 72 heures, « qui prend effet à compter du 10 décembre 2021 ». Un contrôle, sur le terrain, selon le ministre, mais que la conférence des Evêques du Togo voit toujours d’un mauvais œil.

Dans un communiqué en date du 06 décembre 2021, Mgr Benoît Alowonou, président de la Conférence des  Evêques du Togo(CET)  invite « les fidèles qui auront été empêchés d’accéder à l’intérieur des chapelles et des églises, à suivre dans le calme et la ferveur, les célébrations à partir du dehors ».
« Depuis trois (3) semaines, vous suivez et portez dans la prière, l’évolution des démarches de la Conférence des Évêques du Togo (CET), suite au communiqué du Ministre d’État, Ministre de l’Administration Territoriale, subordonnant l’accès aux lieux de cultes à la présentation d’un pass vaccinal ou d’un test PCR négatif datant de moins de trois(3) jours.

Les Évêques ont, à plusieurs occasions, exprimé clairement leur désaccord à l’égard de cette décision du Gouvernement. Ils ont, par conséquent, refusé de participer à sa mise en application par l’envoi des membres des communautés pour la formation, comme le demandait le Ministre. Dans son communiqué du 02 décembre 2021, le Ministre d’État a maintenu sa position et annoncé l’envoi des agents de contrôle dans les lieux de cultes à partir du
10 décembre 2021.

Nous vous invitons à ne pas entrer dans une logique d’affrontement, à vous abstenir de toute réaction susceptible de susciter des troubles ou des violences dont la responsabilité serait, à tort, attribuée à l’Eglise. Nous invitons les fidèles qui auront été empêchés d’accéder à l’intérieur des chapelles et des églises, à suivre dans le calme et la ferveur, les célébrations à partir du dehors », écrit le président du CET.

Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’archevêque de Lomé, Mgr Nicodème Barrigah Benissan, a par contre mis en garde dimanche passé contre la menace que fait peser le Coronavirus sur la population.
« Cette maladie continue de s’imposer comme un mal pernicieux avec des effets dévastateurs. Le mal est toujours là avec ses nouveaux variants et mutants. Je vous recommande donc vivement d’observer pour votre propre bien
et par charité envers les autres toutes les mesures barrières », a-t-il déclaré à Kovié lors du pèlerinage au sanctuaire marial Notre-Dame des Sept Douleurs. Mais, c’est à croire qu’en dépit des déclarations du prélat, la Conférence des évêques du Togo s’oppose toujours à l’obligation de présentation du pass-sanitaire ou d’un test PCR négatif pour accéder aux lieux de culte. Que faut-il alors comprendre entre la position de la CET et celle de l’archevêque de Lomé ? La question reste posée.

La CET, n’est pas en réalité la seule congrégation religieuse à s’opposer à la mesure du gouvernement. L’’Observatoire Togolais des Eglises (OTE) a eu également à manifester sa désapprobation pour cette mesure. Il en est de même au niveau de la Fédération des églises et mission du Togo (FEMIT) qui estime qu’ « « un pass-vaccinal avant d’entrer dans la maison de Dieu est une situation qui dérobe à l’Eglise son rôle physique et spirituel ».
Pour le Conseil des Cadres Chrétiens Evangéliques Engagés(COCACEE) « ce n’est pas de la responsabilité de l’église d’être une béquille pour le gouvernement devant le choix personnel et légitime de chaque individu à se
faire vacciner ou non ».
Comme on le voit, c’est un véritable bras de fer qui ne dit pas son nom. Au moment où il faut l’union sacrée avec toutes les couches de la population, quelque soit leur religion, leur ethnie et leur rang social, pour venir à bout
de cette maladie, un bras de fer, serait au contraire suicidaire, et contre productif, car, elle contribuerait à instaurer l’anarchie, et tout les efforts mis en œuvre jusqu’ici pour être là où nous sommes aujourd’hui, serait à l’eau.

Pour rappel, le Togo a été toujours, depuis le déclanchement de cette pandémie, placé parmi les premiers pays dont l’efficacité dans les mesures mises en place pour lutter contre la maladie, un bon exemple à suivre. C’est grâce à ces mesures que de nos jours la courbe de la contamination abaissé. Si tel est le cas pourquoi alors les
Evêques ont-ils refusé de participer à la mise en application par l’envoi des membres des communautés pour la formation, comme le demandait le ministre Payadowa Boukpessi ? La question mérite d’être posée, si on sait que,
ce qui motif le gouvernement c’est la protection des populations, comme l’ont toujours souhaité les évêques En tout état de cause, gouvernants et religieux doivent faire en sorte qu’un bras de fer soit éviter.
C’est dans le souci de protéger les populations au regard des données de la science disponible relativement au vaccin que le gouvernement prend des mesures dont le pass.

 

Le Messager