Togo: un vent détestable souffle sur la commune du Golfe 5

Personne ne veut parler publiquement pour dénoncer les problèmes qui minent la mairie du Golfe 5 incarnée par Kossi Aboka, absent de son bureau depuis au moins trois semaines. Mais ils sont réels et plombent l’ambiance au quotidien.

C’est un secret de Polichinelle de dire que ladite commune est traversée par deux courants aux positions diamétralement opposées : l’un, proche du maire en place, est accusé de tous les noms d’oiseaux par l’autre. Ce dernier dénonce une gestion opaque et approximative, le clientélisme, la concussion, entre autres.

 

A cela il faut désormais ajouter les récriminations des employés pointant du doigt un certain nombre d’irrégularités qui n’augurent rien de bon à leurs yeux.
En effet, sur la liste des griefs se retrouvent le fait qu’au Golfe 5 seul le maire est habilité à signer les actes de naissance. S’il est indisposé comme c’est le cas actuellement les documents doivent traîner sur son bureau jusqu’à son retour. Au Secrétariat général, il faut attendre au moins trois mois pour qu’une simple demande d’attestation de travail arrive sur le bureau du maire pour signature.

Un employé, qui a requis l’anonymat, va loin jusqu’à parler de nominations fantaisistes. Il donne l’exemple de la nomination d’un autre chef division technique alors qu’il existe dans la boîte un ingénieur en génie civil qui pourrait occuper ce poste. La même personne évoque le cas du directeur administratif et financier qui empiète sur les prérogatives du Directeur des ressources humaines. A l’en croire, à la commune, c’est le désordre, une ambiance de capharnaüm.
« Par rapport aux bons de carburant et crédits de communication, les ayants droits ne touchent pas réellement ce qui a été décidé par le conseil municipal. Par ailleurs, on sait que des rappels des primes et indemnités, de carburants et de crédits de communications sont faits dans les autres communes mais au Golfe 5, ce n’est pas le cas », regrette une autre employée, déplorant en outre les conditions de travail du personnel.

Autre critique. Les employés ruminent leur colère par rapport au fait que la mairie a dit qu’elle n’a pas les moyens pour payer les primes et indemnités mais en trouve pour ce qu’ils appellent « les futilités ».
« Le maire se croit toujours PDG, c’est-à-dire que toutes les décisions viennent de lui. Il ne tient pas compte du conseil municipal, il se moque royalement du conseil municipal. La preuve était la session dernière, toutes ses propositions qui étaient rejetées au début de la session ont toutes été adoptées à la fin. Ses adjoints ne sont que des exécutants. Ces derniers n’ont vraiment pas leur mot à dire. Pendant que dans les autres communes, les maires pensent à mettre à l’aise leurs collaborateurs, leurs agents et à développer leur commune, au Golfe 5, le chef des lieux ne pense qu’à sa petite personne, à s’enrichir », critique sévèrement le premier employé cité plus haut.
Les critiques enflent alors que le maire ne vient plus au bureau depuis une quinzaine de jours. Selon nos recoupements, les dossiers urgents lui sont envoyés chez lui, à la maison pour qu’il les consulte et les signe.

Kossi Aboka, qui aime se faire remarquer partout où il va, aurait quoi pour déserter la mairie depuis plus de trois semaines ? Bien qu’il soit impossible actuellement de joindre l’intéressé pour avoir sa réponse sur les griefs portés contre lui, son entourage tente néanmoins de balayer d’un revers de la main le fait qu’il aurait chopé le coronavirus comme certains le murmurent, rappelant qu’il est possible qu’il soit malade de Covid-19, étant donné qu’il a appelé les gens à se faire vacciner. Ce qui suppose, selon lui, qu’il l’aurait été lui-même.

 

Fabrice Kossivi