Togo:l’Etat obscurantiste organise la misère des artistes, des entrepreneurs et de travailleurs des lieux de loisirs

 
Sous prétexte du Covid-19, le gouvernement a encore pris des décrets insensés, ce 10 septembre  2021, qui ne prennent pas en compte des catégories entières de citoyens qui sont empêchés d’exercer le métier qui les fait vivre. Les précédentes mesures avaient déjà sinistré les artistes et les entrepreneurs de loisirs: spectacles, bars, dancings, éditions diverses, restaurants, maquis, cinémas, salles d’expositions, espaces culturelles, etc.
Ce qui est choquant dans cette affaire, ce ne sont pas les mesures de protection du Covid-19 en tant que telles, mais l’absence cynique de mesures d’accompagnement de ces travailleurs des loisirs.
 
 
En effet, de nombreux spectacles ont été programmés pour ce mois de septembre. Ils sont tous supprimés pendant un mois au moins. Or ces spectacles ont requis des semaines ou des mois de préparation, de travail et de dépenses financières. De lourds sacrifices voire de dettes jetés à la poubelle. L’immense majorité des artistes togolais, messieurs les gouvernants, n’ont pas un train de vie ministériel. En temps normal, les artistes togolais, dans leur immense majorité, connaissent la galère du fait, en partie, du refus obstiné et obscurantiste de ce régime policier de financer substantiellement la culture. La culture et l’art ouvrent les esprits et éduquent le peuple. Un peuple éclairé semble faire peur aux potentats. On ne manipule pas facilement un peuple éclairé. Cette odieuse politique de censure de la culture par le refus de financements dignes de ce nom, est une atteinte grave à l’éducation nationale que l’État a le devoir de promouvoir, selon la Constitution. La culture fait partie de l’éducation nationale.
 
 
Acheter un logiciel israélien espion à des milliards comme Pegasus, est-il prioritaire par rapport au financement de la culture ? Telle est la priorité vitale pour un peuple paupérisé ? De quoi a-t-on si peur ? De qui se moque-t-on avec un Fonds d’Aide à la Culture de trois cents millions CFA environ pour tout un pays tous arts et domaines culturels confondus, alors que cette somme ne peut même pas financer un film ! Et comment comprendre le refus criminel d’appliquer les Accords de Florence ratifiés par le Togo depuis le 12 août 2009 et qui engagent chaque État partie à supprimer les taxes sur les livres et tous les objets culturels, éducatifs et scientifiques ? Nous sommes en 2021, soit douze ans plus tard. Ce refus du régime illégitime fait de la consommation de la culture, des objets culturels, éducatifs et scientifiques un luxe dans ce pays si pauvre.
 
 
Ce complot réactionnaire contre l’art, la culture, l’éducation et la science doit cesser, car c’est une tache honteuse sur l’honneur de notre pays qui ne possède, à ce jour, pas un seul établissement public d’enseignement des arts ni une banale salle de théâtre pour tout le pays ! Quelle scandale !
Un pays n’est pas grand par la taille ou la durée d’une dictature, il est grand par sa liberté et son patrimoine culturel.
 
 
Ayayi Togoata APEDO-AMAH