Togo:Yaovi Madji Agboyibo ne persistait pas dans la haine de l’autre qu’il soit connu ou inconnu

C’est en frère et en ami que l’actuel président de la Cour Constitutionnelle, Aboudou Assouma, a porté un témoignage vibrant ce jeudi 03 juin à l’hôtel 2fevrier, sur la personne de maître Yaovi Madji Agboyibo, à l’occasion du colloque organisé à cet effet. Il a d’abord loué et salué la fidélité de l’homme, son renoncement à soi lorsqu’ il s’agit de rendre service, sa disponibilité et sa sincérité.

« Depuis que j’ai fait la connaissance de Me Agboyibo, je ne l’ai jamais vu persister dans la haine de l’autre qu’il soit connu ou inconnu » a déclaré le Président Assouma soulignant par ailleurs, que le premier président de la commission nationale des droits de l’homme a toujours su échapper au repli égoïste.

Il a surtout soutenu que le Bélier noir reflétait l’image d’un homme de foi, qu’il s’agisse d’un contexte professionnel ou dans ses discussions profanes et amicales; il ne disait rien sans en être profondément imprégné.

Quant à son histoire en lien avec les droits de l’homme, le Président de la Cour Constitutionnelle a rappelé que Me Agboyibo, dans les années 1986, était l’avocat de l’État togolais. A ce titre, le Président Eyadema lui confia alors un dossier brûlant qu’il devrait défendre auprès de la commission nationale des droits de l’homme des nations unies à Genève.

Il proposa au Chef de l’État de se faire accompagner par Aboudou Assouma, à l’époque 1er substitut du procureur de la République.

Du retour au pays après avoir dûment et dignement remplie ladite mission, maitre Agboyibo suggéra au général Eyadema la création d’une commission nationale des droits de l’homme conformément à la résolution des nations unies de 1978 recommandant à tous les États la dite institution qui devra exclusivement s’occuper des droits de l’homme.

C’est alors qu’au bout du compte, la CNDH a été créée avec à sa tête Me Agboyibo assisté directement de Aboudou Assouma à la vice-présidence.

Au delà du simple témoignage, l’acte posé ce jour par le Président Assouma a quelque d’intéressant en ce sens qu’il transcende fondamentalement les clivages politiques pour promouvoir les valeurs humaines, l’amitié et la fraternité entre acteurs politiques majeurs.

Nul n’ignore que maitre Agboyibo fut finalement un opposant farouche au régime en place. Dès l’instant où les deux hommes ont fini par se retrouver dans deux camps politiquement opposés, rien n’obligeait donc le Président Assouma à assumer sa part de témoignage dans l’histoire qu’a construite maitre Agboyibo avant de quitter le monde des vivants.

C’est en vérité tout ce que nous recherchons dans le champ politique togolais, que ses acteurs parviennent à se soustraire des clivages pour s’ancrer résolument dans la culture de la fraternité et de l’amitié afin que le pays et ses citoyens en sortent toujours gagnants.

Luc Abaki